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Le fiasco antillo-guyanais de Mme Fioraso - Communiqué de presse du pôle Martinique de l’Université des Antilles et de la Guyane, 19 novembre 2013

mercredi 20 novembre 2013, par Mariannick

L’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), implantée, sous forme de « pôles », sur les trois territoires de la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique, connaît depuis plusieurs semaines une crise sans précédent dans son histoire, et probablement dans l’histoire des universités françaises. Le 30 octobre 2013, Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche nommait en lieu et place de la gouvernance élue du pôle universitaire de Guyane une administratrice provisoire. Le 11 novembre dernier se signait en préfecture de Guyane un protocole de fin de conflit promettant au Pôle universitaire de Guyane, touché depuis un mois par une mobilisation, le statut d’université de plein exercice dans un délai proche.

Si les fondements de la mobilisation guyanaise ne peuvent être remis en cause, encore que leur point d’aboutissement mérite questionnement, on peut s’interroger en revanche sur la méthode employée et ses conséquences. Le 11 novembre, le préfet de Guyane se félicitait dans les médias de voir l’accord signé par tous les représentants du conflit. Singulièrement, manquait pourtant à l’énumération des signataires la présidence de l’UAG [1]. L’université tripolaire des Antilles et de la Guyane, autonome comme toutes ses homologues françaises, a donc connu une désintégration, opérée depuis le niveau central, sans aucune consultation de la communauté universitaire ou de ses élus.

Alors que le campus guyanais rouvrait ses portes, le 12 au matin, celui de Martinique votait une grève illimitée contre la méthode ministérielle et ce qui est apparu comme un véritable coup d’état contre l’UAG, suscitant un sentiment de dépossession totale au sein de la communauté universitaire. Jeudi 14 novembre, sous la pression de la rue, après trois journées de manifestations et alors que Fort -France était obstruée par les véhicules des grévistes, la présidente de l’UAG était pour la première fois, suite à plus d’un mois de crise et de blocages, reçue par la ministre. Lundi 18 novembre, la communauté universitaire de l’UAG restait pourtant sans information officielle de la ministre sur le contenu de cette rencontre et les engagements qu’elle y a formulés. L’arbitrage politique irréfléchi de la crise peine à se concrétiser dans des arrêtés ministériels tant le droit a été ici malmené [2]. Un tel traitement serait-il la conséquence de la situation de cet établissement aux franges de la République ?

Alors qu’un processus d’autonomisation renforcée des trois pôles universitaires était en cours de réalisation, Mme la Ministre précipite l’éclatement d’une déjà « petite » université (13000 étudiants sur trois pôles, 2000 étudiants en Guyane) sans annoncer aucune mesure pour accompagner cette évolution de l’établissement. La précipitation et l’inconséquence ministérielle a pour effet d’ébranler les fondements mêmes de l’établissement, contraint de banaliser les journées des 18, 19 et 20 novembre en Martinique et en Guadeloupe pour inviter ses personnels et usagers à penser l’avenir de l’Université, à laquelle le ministère ne propose aucune solution, faute d’avoir même anticipé les nombreuses difficultés posées par sa décision irréfléchie. A‐t-on jamais observé, en France, l’arrêt de toute activité dans une université pour examiner son avenir mutilé par l’arbitraire ministériel ? Situation inédite et grotesque qui précipite une réflexion engageant le développement intellectuel et économique de trois départements déjà durement touchés par le chômage et connaissant des indicateurs scolaires parfois alarmants.

Quel avenir pour l’UAG ? Le seul qu’on lui dessine à l’heure actuelle est politique et a valeur symbolique. Le Pôle Guyane sera prochainement une université de plein exercice. Peu importe la question des moyens et des compétences nécessaires pour mener à bien ce projet. Peu importent les conséquences sur les deux autres pôles de feue l’UAG. La ministre ne peut se dédire et semble prête à sacrifier le devenir des territoires pour éviter de perdre la face. Il est urgent que le ministère cesse sa course en avant et sursoie à statuer sur les questions concernant l’UAG, de sorte à donner le temps de la concertation à la communauté universitaire.


Pour plus d’informations sur la crise que traverse l’UAG :

Pour contacter des acteurs institutionnels :

  • Présidente de l’UAG, Mme Mence-Caster : presidente@univ-ag.fr
  • Vice-Président communication de l’UAG, M. Olivier Pulvar : olivier.pulvar@martinique.univ-ag.fr
  • Vice-Président du Pôle universitaire de Martinique, M. J.-É. Symphor : jean- emile.symphor@martinique.univ-ag.fr

Pour contacter des acteurs de la mobilisation :

  • Aurélie Roger, MCF sur le pôle Martinique : au.roger@yahoo.fr
  • Michel Tondellier, MCF sur le pôle Martinique : michel.tondellier@martinique.iniv-ag.fr

[1Lire ici Intervention à environ 1mn20.

[2Sur le degré d’impréparation du Ministère, voir l’entretien accordé par la présidente de l’UAG à France Antilles.