Accueil > Revue de presse > Éducation nationale : quelques remèdes de cheval pour dégraisser le mammouth - (...)

Éducation nationale : quelques remèdes de cheval pour dégraisser le mammouth - Thibault Roques, Acrimed, 11 juin 2013

mercredi 19 juin 2013, par Bouvard et Flaubert

À l’occasion de la remise récente au gouvernement de deux rapports sur l’Éducation nationale et sa gestion – celui de la Cour des comptes et celui de la médiatrice de l’Éducation nationale –, certains médias en profitent pour accabler les enseignants en relayant et en amplifiant les préjugés les plus communs à leur égard, et pour livrer, plus ou moins subtilement, leurs solutions pour redresser une école publique dont ils dressent un tableau apocalyptique…

Le poids des maux…

Et d’abord, quoi de mieux pour appâter le lecteur qu’un titre sinon accrocheur du moins racoleur, en tout cas toujours réducteur ?

Alors même que sur le site de France Inter le résumé qui suit est (légèrement) plus nuancé : « Qu’est-ce qui énerve le plus les parents d’élèves ? C’est ce que s’est demandée la médiatrice de l’Éducation nationale. La réponse sort dans un rapport ce jeudi. En tête : les profs absents et non remplacés, la déscolarisation et certaines écoles privées. », c’est une vision très partielle donc très partiale de l’institution qui est mise en avant, et qui fait des récriminations de certains parents une vérité apparemment universelle en milieu scolaire.

Bien sûr, on trouvera toujours plus audacieux en s’informant auprès des spécialistes éducation du Figaro :

L’approche est plus franche, le verdict implacable. Nous n’avons alors plus affaire à « ces profs », fraction mal identifiée de la profession dans son ensemble, mais aux professeurs en général, congénitalement absentéistes.

Dans les deux cas, les gros titres des articles, qui visent à faire sensation plutôt qu’à informer, réduisent des rapports dépassant chacun les 150 pages à un simple slogan… Sans doute ces rapports sont-ils discutables et doivent être discutés. Mais cela rend d’autant plus nécessaire de la part des journalistes un propos argumenté, fouillé et nuancé plutôt que cette suite de poncifs, pâles substituts à des analyses tant soit peu innovantes sur la question.

… Le « choc » des photos

Les illustrations photographiques de ces accroches souvent caricaturales ne sont pas en reste. En effet, tandis que sur le fond, les articles pointent un absentéisme chronique de la part des enseignants, sur la forme, plusieurs photos viennent opportunément appuyer ce constat pour lui donner plus de vraisemblance encore.

[…]

L’enseignant, (trop) souvent absent, est un être manifestement fainéant ; comment comprendre sinon son hostilité présumée à la prise en compte de son « temps de travail réel » sur laquelle plusieurs journalistes s’attardent. L’article du Figaro daté du 22 mai est à cet égard riche d’enseignements : le titre choisi (« Les Sages pour le temps de travail réel des enseignants ») laisse entendre d’abord qu’il y aurait un temps de travail fictif qui s’y oppose et auquel les enseignants – ces planqués ! – sont très attachés. La suite n’est pas moins lourde de sous-entendus :

« Comment imaginer qu’on puisse piloter une organisation sans connaître le temps réel de travail de ses participants ? C’est pourtant la situation dans laquelle se trouve l’Éducation nationale. Comme le souligne le rapport de la Cour des comptes publié mercredi, « il n’existe pas de suivi fiable du temps de travail total des enseignants ». Les chiffres proviennent d’enquêtes déclaratives. Ainsi, les professeurs du second degré public déclarent travailler en moyenne 21 heures par semaine en plus de leurs heures de cours. Et cela afin de préparer les cours, de corriger les copies ou de nouer des liens avec les parents. Mais nul ne sait si ces réponses des enseignants sont exactes. Et intuitivement, les parents devinent que les temps de préparation peuvent être très différents selon les professeurs. »

À chacun, alors d’en tirer intuitivement la conclusion qui s’impose : il faut (re)mettre les enseignants au travail. Et les plus grands experts sont appelés en renfort par l’auteur de l’article.

Lire l’ensemble de l’article ici