Accueil > Revue de presse > Les prêts étudiants, nouvelles subprimes ?, Régis Soubrouillard, Marianne2, 22 (...)

Les prêts étudiants, nouvelles subprimes ?, Régis Soubrouillard, Marianne2, 22 juin 2012

mardi 26 juin 2012

Lire aussi le dossier de presse de Fabula ainsi que la Brève du Canard Enchaîné

A lire sur le site de Marianne2

Si rien n’est fait d’ici là, sept millions d’étudiants américains verront
leur endettement augmenter de 1.000 dollars au 1er juillet. Presque une
broutille pour des étudiants qui affichent un niveau d’endettement moyen
supérieur à 25.000 dollars à la fin de leurs études. Un problème social
qui préoccupe de plus en plus les politiques. Un problème financier aussi.
Avec un endettement total de 1.000 milliards de dollars, les marchés
craignent une nouvelle crise des subprimes.

Pas encore sortis de l’école et déjà endettés à vie. C’est le lot commun
des étudiants américains. La future crise des subprimes pour certains
économistes tant le montant des dettes estudiantines atteint des sommets.
Mille milliards de dollars en 2011 dont plus du tiers sont « titrisées »,
c’est-à-dire regroupées puis cédées à des investisseurs sous forme de
produits dérivés.

Un montant qui a quasiment doublé au cours des cinq dernières années,
dépassant le montant de l’ensemble des prêts à la consommation. Et la
Réserve Fédérale de New York estime que la courbe n’est pas prête de
s’inverser avec une estimation de 1400 milliards de dollars de dettes en
2020.

Plusieurs facteurs expliquent cet endettement massif. Le premier d’entre
eux concerne les frais d’inscription dans les universités américaines qui
augmentent plus vite que l’inflation, tant dans le public que dans le
privé.

Le prix moyen d’inscription pour l’année universitaire en programme « 
undergraduate » (cycle de 4 ans) est de plus de 7.000 dollars pour les
institutions publiques et supérieur à 25.000 dollars pour les institutions
privées. Des tarifs qui augmentent 2 à 6% par an, soit beaucoup plus que
le rythme de l’inflation. Les jeunes Américains sont également de plus en
plus nombreux à prendre le chemin de l’Université alors qu’il est de plus
en plus difficile à trouver un emploi à la sortie de la Fac et que les
salaires des jeunes diplômés sont revus à la baisse. Le taux de chômage
chez les diplômés de moins de 24 ans dépasse 15 %.

MILLE DOLLARS D’ENDETTEMENT SUPPLÉMENTAIRES LE 1ER JUILLET

Avant la crise des subprimes de 2007, la relative facilité à entrer dans
le monde du travail permettait aux étudiants de rembourser rapidement
leurs emprunts. Aujourd’hui, les emprunteurs deviennent de moins en moins
solvables et entrent dans le monde du travail avec un endettement qui
varie entre 25.000 et 30.000 dollars selon une étude de Unow, une start-up
qui entend renouveler l’accès au savoir universitaire.

Dernière embûche et pas des moindres, des taux d’intérêts qui explosent.
Au 1er juillet, les taux d’intérêt pour les « prêts Stafford », destinés aux
étudiants à faible revenu passeront de 3,4 à 6,8 %, sur décision du
Congrès. Sept millions d’étudiants verront ainsi leur endettement
augmenter de 1.000 dollars dans la journée.
Il n’en fallait pas plus pour qu’en pleine campagne électorale, le sujet
prenne un tour politique. L’étudiant endetté n’en reste pas moins un
électeur. Ainsi, Barack Obama s’est lancé dans une tournée des campus pour
dénoncer cette hausse des taux d’intérêt dont le gel coûterait un gel des
intérêts à 3,4 % et entraînerait un trou de 6 milliards de dollars dans
les caisses de l’État fédéral.

De son côté, Richard Durbin, sénateur démocrate de l’Illinois, a déposé
une proposition de loi qui permettrait d’annuler les prêts étudiants
souscrits auprès d’établissements privés (mais pas les prêts publics
contractés auprès de l’Etat fédéral) en cas de faillite personnelle.

UN NOMBRE CROISSANT DE SENIORS ENCORE ENDETTÉS PAR DES PRÊTS ÉTUDIANTS

Car au-delà des étudiants qui traînent encore dans les campus, un nombre
croissant de seniors sont endettés par des prêts étudiants contractés des
années plus tôt. Selon la Fed, les Américains de plus de 60 ans sont
endettés à hauteur de 36 milliards de dollars [27,4 milliards d’euros] au
titre de prêts contractés durant leurs études.

« Le fait que des seniors ploient encore sous le fardeau de leur prêt
étudiant met en lumière ce qu’un nombre croissant de juristes,
d’économistes et d’experts financiers considèrent comme une grave
défaillance de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis : les avantages
tant vantés du diplôme universitaire sont de plus en plus contrebalancés
par l’augmentation des frais de scolarité et la durée des prêts. Pour bien
des seniors, loin de donner accès à une brillante carrière, le diplôme
universitaire aura débouché sur une existence marquée par le poids de la
dette » écrivait récemment le Washington Post. Une proposition qui traite
le mal sans se préoccuper jamais des racines du mal.

Il y a trente ans, les universités d’État, offraient presque gratuitement
une éducation supérieure de qualité. Aujourd’hui, les plus prestigieuses
se sont presque alignées sur le privé.