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SLR SOUTIENT ADLÈNE HICHEUR, DEPUIS DEUX ANS EN PRISON !, Sauvonslarecherche.fr, lettre de Jean-Pierre Lees, le 27 décembre 2011

jeudi 29 décembre 2011, par Alain

Voici un Compte rendu de ma visite le 22/12/2012 chez les avocats d’Adlène Hicheur

Maitre Baudoin m’a fait part de ses premières observations sur le réquisitoire reçu du procureur (60 pages) après une lecture rapide. Selon lui il s’agit d’un dossier relativement bien « construit » (Adlène parlait déjà dans ses correspondances depuis plusieurs mois d’un « costume taillé sur mesure ») qui ne sera donc pas facile à démonter devant le tribunal. Adlène est le seul mis en examen dans cette affaire d’association de malfaiteurs (apparemment c’est possible quand les autres membres de l association n’ont pu être identifiés ou mis en cause pénalement). Il y a eu « disjonction » du cas de son interlocuteur supposé sur la toile, Mustapha Debchi : techniquement, cela signifie que l’enquête et la mise en examen éventuelle de ce mystérieux correspondant peuvent se poursuivre indépendamment de l’affaire Adlène Hicheur. Les éléments retenus par le procureur contre Adlène sont :

· La teneur des propos (très largement « théoriques ») qu’il a échangé sur les forums – Maitre Baudouin mentionne bien que formellement aucun de ces échanges ne relève du pénal en citant l’exemple d’un internaute qui enverrait des messages disant qu’avec tout ce qu’il a fait il faudrait abattre Georges bush d’une balle dans la tête : rien n’indique qu’il a l’intention de le faire réellement et s’il n’y a eu aucun préparatif avéré ses propos ne devraient donc pas pouvoir l’amener devant une cour pénale. A ma question sur le fait qu’on ne peut condamner quelqu’un sur une simple intention il m est répondu que nous sommes ici face à une justice d’exception qui a été conçue justement pour pouvoir faire condamner des gens là où la justice classique ne pourrait pas le faire et que c’est bien ce que dénoncent les organisations comme HRW ou la FIDH, d’autant que tout ceci est mené par un petit groupe de personnes (policiers, juges, procureurs) qui se connaissent tous et font leur cuisine en cercle fermé : il n’y a pas de regard extérieur impartial. Ici on peut condamner les gens sur une intention démontrée et les critères de la démonstration sont très subjectifs et laissés à l’appréciation des juges. Dans le réquisitoire l’analyse des propos d’Adlène est agencée dans le sens de démontrer qu’adlène avait l’intention de se lancer dans une entreprise terroriste. (Par exemple, n’y figureront que les extraits les plus litigieux de ses messages, vraisemblablement sortis de leur contexte chronologique et de celui de la discussion)

· Le matériel saisi au domicile d’Adlène ou sur son disque dur : quelques vidéos et des ouvrages qualifiés de « Djihadistes » ont été saisis lors de la perquisition au domicile d’Adlène mais dans le dossier on omet soigneusement de préciser s’ils ont été trouvés au milieu au milieu d’une centaine de livres de physique ou de classiques de la littérature i.e. si cela représentait 1% ou 50% de sa bibliothèque. Si vous lisez les journaux de temps en temps, vous constaterez qu’à chaque fois qu’on arrête un islamiste on a saisi chez lui des disques durs, des clés usb des vidéos et de la littératre "Djihadiste" (i.e. que cela justifie amplement l’arrestation)

· Des suspicions (qui ne se sont jamais concrétisées par aucun versement) qu’Adlène pourrait avoir eu envie de financer des mouvements islamistes - les enquêteurs se sont intéressés à la piste de versements par des comptes paypal sans pouvoir rien démontrer et en inventant des hypothèses extrêmement « fumeuses » mais il subsisterait « des doutes » dans la tête des enquêteurs qui évidemment sont repris dans le réquisitoire…

Le procureur demande d’autre part, avec une argumentation qui ne dépasse pas trois lignes, le maintien d’Adlène en détention pour les raisons suivantes : pas de garantie de représentation, risque de fuite à l’étranger et longueur de la peine encourue.

Selon Maitre Baudouin, les politiques, il est évident que la DCRI et la justice ont l’intention de faire du cas d’Adlène un cas exemplaire et il va falloir se battre en ne perdant pas de vue qu’ il pourrait être condamné à beaucoup plus que le temps qu’il a déjà passé en détention. Il souligne que c’est un dossier très largement « monté » par la DCRI. D’après lui, il est évident que si leurs suspicions sur adlène avaient été sérieuses ce n’était vraiment pas le moment de l’arrêter et ils auraient du laisser l’histoire se terminer. Mais comme Adlène allait en Algérie pour un court séjour et serait vraisemblablement revenu cela aurait démonté tous les arguments qui ont été utilisés pour décider de son arrestation : il fallait donc l’arrêter avant pour faire un exemple.

Maitre Baudouin souligne enfin l’importance qu’aura la couverture médiatique mais de ce point de vue Adlène est très versatile ce qui ne facilite pas les choses. Il répugne beaucoup à voir son cas (et sa vie) exposés dans les journaux, ce qui est évidemment compréhensible. Cependant faute d’une couverture médiatique suffisante Maitre Baudouin pense qu’Adlène n’échappera pas à une condamnation lourde. Comme malheureusement tous les cas en relation avec l’islamisme n’attirent que très peu de sympathie dans l’opinion publique (i.e. beaucoup de gens trouveront normal qu’on mette en détention une personne chez qui on a trouvé de la littérature islamiste) , Maitre Baudouin pense qu’il serait important se focaliser sur la dénonciation les méthodes de la DCRI .

Le réquisitoire final du juge d’instruction est attendu dans le courant de la semaine prochaine . Selon maitre Baudouin il n’y a pas trop d’illusions à se faire d’autant que ce juge est lui même un ancien procureur et a conduit toute l instruction a charge.

amicalement

Jean-Pierre Lees

PRECISIONS reçues de JPL ce 27 décembre 2011

"suite a une conversation que je viens d’avoir avec un journaliste d’OWNI.fr qui publiera aujourd’hui un article sur l’affaire j’apporte ici une précision pour nuancer les propos concernant les ouvrages "Djihadistes" trouvés chez Adlène : apparemment personne n’a ni le nombre ni le titre de ces ouvrages, pas même l’avocat, et le frère d’Adlène me dit qu’Adlène n’a jamais possédé de tels ouvrages. Connaissant Adlène je peux par contre imaginer qu’il avait quelques ouvrages d’islam politique dans sa bibliothèque. De là à penser que ce sont ces ouvrages qui sont qualifiés de djihadistes dans le dossier du procureur il n’y a pas loin, car j’imagine qu’il n a pas du prendre le temps de les lire... "