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Le Conseil d’Etat et la formation des enseignants, Claude Lelièvre, Médiapart, 30 novembre 2011

mercredi 30 novembre 2011, par Sylvie

Le Conseil d’Etat vient d’annuler en partie l’arrêté du 12 mai 2010 fixant les compétences à acquérir par les enseignants et CPE stagiaires. Par une décision rendue le 28 novembre, le Conseil d’Etat a annulé les articles 3 et 6 de l’arrêté du 12 mai 2010 fixant les compétences des nouveaux enseignants, CPE et professeurs documentalistes et les modalités d’évaluation des agrégés. Le Conseil a en effet estimé que le ministre de l’Education nationale ne pouvait seul supprimer les textes antérieurs…

Compte tenu des effets ‘’éventuels’’ considérables d’une telle décision, le Conseil d’Etat invite les différentes parties prenantes à débattre avant application de la décision : « Il est sursis à statuer sur la date des effets de ces annulations jusqu’à ce que les parties prenantes aient débattu de la question de savoir s’il y a lieu, en l’espèce, de limiter dans le temps les effets des annulations prononcées aux articles 1 et 2 de la présente décision ».

Le SNES ( qui avait déposé le recours auprès du Conseil d’Etat avec d’autres organisations) vient de se prononcer publiquement pour que la décision du Conseil s’applique immédiatement : «  les conditions de service et de formation des stagiaires doivent revenir dès à présent à la situation antérieure à 2010 » en estimant que cette décision « conduit à faire revivre l’arrêté du 19 décembre 2006 fixant en particulier le temps de service en responsabilité des stagiaires à 8 heures par semaine et imposant une formation dans le cadre des IUFM ».

Serait-ce un retour vers le statu quo ante ? On prendra en tous cas avec intérêt connaissance ( heureux hasard ? ) du projet de la Conférence des directeurs d’IUFM et de ses 22 propositions, plus particulière­ment des­ti­nées à ali­men­ter la réflexion des can­di­dats à la pro­chaine élec­tion pré­si­den­tielle. Les direc­teurs d’IUFM partent d’un double constat : «  Si les deux mis­sions clas­siques de l’École fran­çaise, ins­truc­tion et éduca­tion, ne sont pas for­mel­le­ment remises en cause, force est de consta­ter que ces mis­sions ne sont pas réa­li­sées par­tout de façon satis­fai­sante . En outre, le rôle de l’enseignant a changé. Il est devenu « un acteur social, [...] un concep­teur des orga­ni­sa­tions sco­laires adap­tées aux situa­tions locales ».

Pour la CDIUFM, cette évolu­tion rend néces­saire une for­ma­tion uni­ver­si­taire pro­fes­sion­nelle, qui assure l’acquisition et la maî­trise de trois types de connais­sances : rela­tives aux dis­ci­plines aca­dé­miques, à l’enseignement de ces dis­ci­plines et à la pro­fes­sion ensei­gnante. Le docu­ment pré­co­nise donc d’abord un chan­ge­ment de logique, pour « dis­so­cier le recru­te­ment et la for­ma­tion uni­ver­si­taire des ensei­gnants » et « construire un dis­po­si­tif piloté par la for­ma­tion et non par le concours ». Il sug­gère égale­ment de « diver­si­fier les condi­tions et moda­li­tés d’entrée en for­ma­tion et favo­ri­ser les pas­se­relles » entre les « par­cours d’enseignement », qui seraient mis en place à par­tir de la deuxième année de licence, et les autres.

La CDIUFM sou­haite mettre en œuvre une véri­table for­ma­tion en alter­nance et « inté­grer des stages en établis­se­ment de façon pro­gres­sive tout au long du cur­sus ». Pour assu­rer l’homogénéité des for­ma­tions, la Conférence plaide pour la créa­tion d’un réfé­ren­tiel natio­nal et d’une com­mis­sion péda­go­gique natio­nale. Parallèlement, elle milite aussi pour une « contrac­tua­li­sa­tion entre uni­ver­si­tés, Éduca­tion natio­nale et col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales dans chaque aca­dé­mie, pré­ci­sant de manière plu­ri­an­nuelle les besoins à cou­vrir, les objec­tifs à atteindre et les moyens com­plé­men­taires alloués ». Elle plaide enfin pour un accom­pa­gne­ment social des étudiants.

La position de la CDIUFM, c’est ici