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La notation des profs par les chefs d’établissement. MàJ 5 décembre 2011

lundi 5 décembre 2011, par Mariannick, Sylvie

Alors ? un décret ou pas de décret ? En tous cas, l’évaluation est bien au programme de l’UMP (à lire en attaché - proposition 15), et une partie de la presse, s’abritant derrière les professionnels de la profession et les experts sachant expertiser, s’attache à montrer combien c’est ringard de s’y opposer…

Motion sur la réforme de l’évaluation des enseignants, 4 décembre 2011

CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS D’ASSOCIATIONS DE PROFESSEURS SPÉCIALISTES

Les associations signataires ont pris connaissance du projet d’arrêté réformant l’évaluation des professeurs, qui prétend réduire cette évaluation à un « entretien professionnel » « conduit par le supérieur hiérarchique direct de l’agent » excluant les inspecteurs pédagogiques du processus d’évaluation des professeurs au profit des proviseurs ou d’un autre « fonctionnaire » désigné par « l’autorité hiérarchique », qui pourrait ne pas être «  le supérieur direct de l’agent ». Les associations signataires voient dans ce projet le cheval de Troie d’une profonde dénaturation des missions d’enseignement.
En effet, si la pédagogie des professeurs n’est plus évaluée par les spécialistes de leur discipline que sont les inspecteurs, c’est en toute logique que les savoirs disciplinaires ne seront plus au centre de leur mission, ce d’autant plus que des activités étrangères à l’enseignement seraient prises en considération.
Par ailleurs, en confiant, dans le cadre d’une autonomie accrue des établissements, aux seuls chefs d’établissement, déjà présidents du conseil pédagogique, toute l’évaluation des professeurs, ce projet les soumet à des critères locaux et subordonne les programmes nationaux et la liberté pédagogique au projet d’établissement, remettant en cause le caractère national de l’enseignement dispensé. Enfin, en parlant d’une évaluation à la mesure « des résultats professionnels obtenus par l’agent », ce projet transforme la question de l’échec scolaire en problème de productivité et en disculpe
commodément les politiques mises en oeuvre ces dernières décennies. Dans une école alors conçue comme une entreprise, où des « objectifs » sont « assignés » à « l’agent », éduquer reviendrait à produire des résultats selon les mêmes exigences de rentabilité et en modelant les élèves sur la demande du «  marché du travail ».
Les associations signataires dénoncent dans cet arrêté l’étape décisive d’un processus destructeur des ambitions humanistes et émancipatrices de l’école républicaine. Elles en exigent le retrait immédiat et le maintien de la double notation des professeurs.


Association des Professeurs d’Arts Plastiques (APAP)

Association des Professeurs de Communication et d’Économie-Gestion (APCEG)

Association des Professeurs d’Éducation Musicale (APÉMu)

Association des Professeurs de Français et de Langues Anciennes des Classes Préparatoires Littéraires (APFLA-CPL)

Association des Professeurs d’Histoire-Géographie (APHG)

Association des Professeurs de Lettres (APL)

Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public (APMEP)

Association des Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public (APPEP)

Association des Professeurs de Sciences Médico-Sociales (APSMS)

Association des Professeurs de Vente (APV)

Coordination Nationale des Associations Régionales d’Enseignants de Langues Anciennes (Cnarela)

Société des Langues Néo-Latines (SLNL)

Union des Professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie (UPBM)

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Le projet de décret sur le site du café pédagogique

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Après la convention UMP sur l’éducation…

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convention UMP




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Éducpros, 21 novembre 2011

Entretien avec Xavier Albanel, sociologue : « Evaluer les enseignants n’est pas une priorité. Ils ont besoin d’un accompagnement pédagogique »

Le projet d’une évaluation des enseignants par les chefs d’établissement, dévoilé la semaine dernière, suscite la polémique. Au-delà de l’accroissement du pouvoir des chefs d’établissements, ce projet est porteur d’une nouvelle vision de l’école, explique Xavier Albanel, auteur d’un ouvrage sur Le travail d’évaluation - l’inspection dans l’enseignement secondaire*.

Vous avez suivi les inspecteurs dans leur travail d’évaluation des enseignants dans le cadre de votre thèse de doctorat. Diriez-vous que l’inspection est aujourd’hui satisfaisante ?

Le double rôle de l’inspecteur biaise tout. Ce qui pose actuellement problème, c’est qu’il est à la fois évaluateur, c’est-à-dire juge, et conseil. L’inspection poursuit aujourd’hui trois objectifs : le contrôle de la conformité des enseignements avec les programmes, l’accompagnement pédagogique et l’évolution de carrière, par le biais de la note, qui peut permettre de progresser plus vite en étant promu au choix ou au grand choix plutôt qu’à l’ancienneté.
Dans les faits, un enseignant se fait évaluer une fois tous les cinq ou dix ans, pendant une heure. Ramené à une carrière, cela fait entre huit et dix heures d’inspection seulement. C’est très limité !
Et comment un professeur pourrait-il avouer ses faiblesses quand il sait qu’il va être jugé ? Seule une relation d’entière confiance permettrait de rendre l’inspection utile en termes d’accompagnement.

Les enseignants feraient-ils davantage confiance à un chef d’établissement, qui les connait mieux qu’un inspecteur, pour les évaluer - comme le prévoient les projets d’arrêté et de décret publié le 15 novembre dernier par le Café pédagogique ?

Aujourd’hui l’avis du chef d’établissement compte. Il délivre une note administrative portant sur l’assiduité, la ponctualité et le rayonnement, qui vaut pour 40% dans la note d’inspection. Et l’inspecteur le rencontre toujours avant de se rendre dans la classe de l’enseignant.
Mais laisser l’évaluation aux seuls chefs d’établissements poserait un vrai problème de confiance. Ils ne seraient pas plus aptes à les évaluer, et encore moins à les conseiller, qu’un inspecteur. Au contraire ! Imaginons un principal ou un proviseur qui a été professeur de biologie. Comment peut-il évaluer un professeur de philosophie ?
Les enseignants légitiment les inspecteurs par le biais du disciplinaire, parce que l’inspecteur les évalue dans la matière dans laquelle il a lui-même enseigné. Et parce qu’il est capable d’apporter un éclairage sur la façon de poser une problématique sur tel ou tel cours, sur les moyens mis en œuvre par le professeur pour atteindre ses objectifs, sur l’utilisation des documents,...
Par ailleurs, les relations personnelles pourraient s’immiscer dans l’évaluation de l’enseignant, alors qu’un conflit avec un chef d’établissement, par exemple, n’a souvent rien à voir avec la façon d’enseigner. Malgré la duplicité de son rôle actuel, l’inspecteur représente tout de même une certaine idée de neutralité, parce qu’il s’agit d’une personne extérieure au collège ou au lycée.

Ce n’est donc pas l’idée de réformer l’évaluation des enseignants mais la réforme proposée qui vous semble inappropriée…

Les objectifs de l’évaluation sont aujourd’hui partiellement remplis, mais la réforme envisagée ne les amélioreraient en rien, surtout s’ils restent les mêmes.
Que l’évaluation ait lieu tous les trois, cinq ou dix ans, ne change pas le problème non plus. Si l’évaluation telle qu’elle est ne fonctionne pas bien : supprimons-la et remplaçons-la par de vrais conseils ! Noter, évaluer, juger les professeurs n’est pas une priorité. Ce dont ils ont besoin, c’est d’un accompagnement pédagogique.

S’il ne vise pas une amélioration de l’évaluation des enseignants, quelle lecture faites-vous

* Le travail d’évaluation - l’inspection dans l’enseignement secondaire publié en 2009 aux Editions Octarès

Propos recueillis par Isabelle Maradan

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Le Mammouth déchaîné, 15 novembre 2011

Le nouveau management du personnel dans l’EN : les projets de décrets
« Évaluation des enseignants » sont sortis.

Ils mettent en place les nouvelles modalités de la réduction d’ancienneté pour passer à l’échelon supérieur. Et bien plus aussi... un nouveau management du personnel.

Voici le projet de décret et la notice d’explication qui ont été donnés par le ministère aux organisations syndicales :

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projet de décret

Une première analyse :

Le ministère préparait cette réforme depuis des années. Les projets de décret et d’arrêté réformant l’évaluation des enseignants sont désormais en circulation depuis le 14 novembre. Ils remplacent à compter de la rentrée 2012 les dispositifs actuels par une modalité unique : un entretien d’évaluation tous les trois ans par le supérieur hiérarchique direct (le chef d’établissement dans le 2nd degré, l’IEN dans le 1er degré).
On passe à l’ère du management sur le modèle de l’entreprise.

Cet entretien reposera tout d’abord sur une auto-évaluation, selon des grilles fournies par l’administration. Comme les expérimentations ont déjà permis de le constater, ce processus est particulièrement pervers : on doit soi-même s’évaluer... à travers les yeux de la hiérarchie et ses critères désormais purement comptables.

Fin des grilles d’avancement

Les plus « méritants » (entendre, « les plus dociles ») seront gratifiés d’un ou plusieurs mois de réduction par rapport à l’ancienneté moyenne pour accéder à l’échelon supérieur, tandis que d’autres seront pénalisé-e-s par des majorations. Ainsi le supérieur hiérarchique aura un pouvoir personnel accru.
Exit les grilles d’avancement, qui certes n’étaient pas satisfaisantes, mais s’appliquaient partout. A commencé l’ère de la gestion individualisée des carrières.

L’évaluation devant remplacer la notation, que va-t-on évaluer ?

Le décret d’application de la loi « de modernisation de la Fonction Publique » le précise : en premier lieu « Les résultats professionnels obtenus par le Fonctionnaire » ; cela se traduit dans le projet d’arrêté sur l’évaluation des enseignant-s de la manière suivante : il s’agira en premier lieu d’évaluer la capacité de l’enseignant « à faire progresser chaque élève ».
L’enseignant sera donc jugé sur les résultats de ses élèves, à la « validation des compétences », aux évaluations en primaire, aux examens dans le secondaire, aux taux de passages et redoublements... Chacun sera comptable personnellement de ces résultats, devra produire du chiffre.

Sans oublier qu’un référentiel de compétences pour les enseignants a été créé il y a peu. Tout est dans tout, et réciproquement...

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Libération , 16 et 17 novembre 2011
« Le cœur du métier d’enseignant, c’est la réussite des élèves »
Philippe Tournier, du syndicat des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN - Unsa), défend la réforme même s’il la juge précipitée.
Interview de Fabien Soyez à lire ici

Des profs bientôt sous contrôle
Véronique Soulé (édition abonnés à lire ici)

Des proviseurs qui vont évaluer les enseignants, un entretien individuel tous les trois ans, la fin d’une progression de carrière largement mécanique… La réforme annoncée de l’évaluation des enseignants provoque un tollé. Les syndicats dénoncent un texte élaboré quasiment sans concertation et qui remet en cause leur métier. Le ministère explique qu’il faut moderniser un système qui ne satisfait plus personne. Retour sur l’une des dernières réformes du quinquennat dans l’Éducation nationale.

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Le Monde , 16 novembre 2011
"Une pratique fréquente dans les pays étrangers"
Éric Charbonnier, expert à la direction éducation de l’OCDE, propos recueillis par Mattea Battaglia.
L’évaluation des enseignants par le chef d’établissement est-elle une pratique fréquente à l’étranger ?

Elle l’est. Dans certains pays comme la Finlande, souvent citée en exemple en matière de formation des enseignants, les chefs d’établissement sont responsables du recrutement de leur équipe pédagogique. Qui dit recrutement dit évaluation préalable, avec réception de CV et entretien d’embauche, en vue de savoir si le professeur est compétent et s’il s’intégrera à l’équipe et au projet d’établissement. C’est fréquent aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, où une très grande autonomie est concédée aux établissements. Mais dans ces pays, la formation des chefs d’établissement est très différente. Indépendante de celle des enseignants, elle met l’accent sur la gestion des ressources humaines, d’un budget... A Singapour, avant de devenir chef d’établissement, il faut effectuer un stage d’un an. En France, très souvent, c’est l’évolution de carrière qui mène des personnels d’éducation à la direction d’établissement, moyennant quelques stages, une formation continue. Il n’existe pas de diplôme en tant que tel, pas de préparation distincte.
À lire en entier ici

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VousNousIls et AFP, 16 novembre 2011
Évaluation et salaires : grève à l’appel du Snes le 12 ou le 13 décembre

Le Snes-FSU, prin­ci­pal syn­di­cat du secon­daire, appelle à une grève dans les col­lèges et lycées le 12 ou le 13 décembre, en oppo­si­tion au pro­jet de réforme de l’évaluation et de l’avancement des ensei­gnants, a annoncé mer­credi à l’AFP Daniel Robin, co-secrétaire général.
"Le Snes appelle à une grève, qui aura lieu le 12 ou le 13 décembre, en fonc­tion de la ren­contre de l’intersyndicale du second degré orga­ni­sée demain (jeudi) dans les locaux" du syn­di­cat", a déclaré M. Robin.
"Nous appe­lons égale­ment les ensei­gnants à limi­ter stric­te­ment leurs tâches à l’enseignement", a-t-il ajouté.
Cet appel inter­vient au len­de­main de la divul­ga­tion d’un pro­jet de réforme de l’évaluation et l’avancement des ensei­gnants du pri­maire et du secondaire.

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Communiqué de presse SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU

Évaluation des personnels du second degré : le chef d’établissement seul maître à bord
15 novembre 2011

Le ministère a transmis aux organisations syndicales un projet de décret et d’arrêté qui modifie profondément les modalités d’évaluation des personnels enseignants, CPE et Co-Psy. L’objectif est clairement de transformer radicalement le métier et le rôle de ces personnels. Le ministre organise un véritable passage en force en voulant soumettre son projet au comité technique ministériel avant les congés de fin d’année.

1/ Le chef d’établissement évaluateur unique des personnels enseignants.
Malgré son incapacité à évaluer le travail pédagogique concret des enseignants dans leur enseignement disciplinaire, le chef d’établissement serait seul chargé de l’évaluation des personnels enseignants.

2/ Des métiers bafoués.
Dans un contexte où les métiers des personnels enseignants, CPE et Co-Psy subissent une transformation forcée, contrainte par des contre-réformes refusées par les personnels mais imposées par le ministère (réforme des lycées, imposition du Livret personnel de compétences, dispositif ECLAIR en particulier), ce projet amplifie cette transformation. Le cœur du métier enseignant, c’est-à-dire l’enseignement d’une discipline et les activités pédagogiques qui l’accompagnent, ne serait plus évalué par les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux (IPR), recrutés et formés pour cela dans la discipline des collègues qu’ils inspectent. Leurs missions seraient réorientées vers l’évaluation du système.
Ce serait donc la fin de la double évaluation des personnels enseignants qui constitue la reconnaissance de la spécificité de leur métier : une évaluation pédagogique par l’IPR de la discipline enseignée et une évaluation administrative par le chef d’établissement.
Ce qui deviendra de fait premier, ce n’est plus le cœur du métier, la capacité de l’enseignant à faire acquérir savoirs et compétences à ses élèves, mais tout ce qui est périphérique à l’acte d’enseigner. Cela changera le sens du métier d’enseignant mais aussi le rôle de l’Ecole envers les élèves, dans la mesure où l’appropriation et la maîtrise de savoirs, l’acquisition de compétences seraient minimisées.

3/ La progression de carrière dans les mains du chef d’établissement.
A compter de 2015, le rythme d’avancement pour tous serait le rythme actuel de l’ancienneté, soit le plus lent : la progression de carrière serait étalée sur 36 ans minimum. Les personnels ne pourraient bénéficier d’accélération de carrière que sur proposition du seul chef d’établissement. Cela entraînera des oppositions et des conflits entre collègues de l’établissement au moment où les solidarités devraient être renforcées pour favoriser le travail collectif.

4/ Le gel des promotions jusqu’en 2015.
Le projet ne prévoit, pour la période 2012-2015, aucune procédure d’avancement d’échelon autre que l’avancement au rythme le plus défavorable : l’ancienneté. Non content de sacrifier leur métier, le ministère veut aussi rogner le pouvoir d’achat des enseignants.

Ces projets sont donc totalement inacceptables pour le SNES, le SNEP et le SNUEP. Le ministère ne tire aucune leçon des élections professionnelles. En effet en apportant aux syndicats du second degré de la FSU plus de 50% de leurs suffrages, les personnels ont clairement exprimé leur rejet de telles réformes qui dégradent leurs métiers.

Pour le SNES, le SNEP et le SNUEP, ces projets constituent une agression frontale contre les personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation du second degré et transforment le rôle de l’Ecole. C’est aussi une marque de mépris à l’égard du travail accompli par les enseignants dans leur classe. C’est enfin une volonté de transformer des personnels concepteurs de leur métier en simples exécutants de directives imposées.

Le SNES, le SNEP et le SNUEP sont donc décidés à réagir avec puissance et détermination. Ils exigent l’abandon de ce projet et vont, dans les jours qui viennent, informer la profession sur les réalités de ce projet et mettre en place, avec les autres syndicats du second degré, des actions à la hauteur de l’agression qu’ils subissent.

Évaluation des enseignants des écoles : POUR l’équité et la transparence
(communiqué du SNUIPP le 16 novembre 2011).

Le ministère annonce qu’il va ouvrir des discussions pour modifier en profondeur les modalités d’évaluation des enseignants. Pour le premier degré, l’inspection en classe serait remplacée par un entretien professionnel mené par un inspecteur et les notes seraient supprimées.

Ce nouveau processus aurait des conséquences importantes sur le déroulement de la carrière qui se ferait à un rythme plus lent. Les enseignants seraient à nouveau les grands perdants puisque l’avancement dans le reste de la fonction publique se fait à un rythme plus rapide. Ce scénario entrainerait des évolutions de salaires beaucoup plus lentes. Le ministère chercherait-il ainsi à faire des économies sur le dos des enseignants ? De plus, les inspecteurs influeraient directement sur la rémunération des enseignants. Ils auraient le pouvoir de leur attribuer des mois d’ancienneté leur permettant d’avancer leur date de promotion. La reconnaissance de l’expérience professionnelle liée à l’ancienneté serait complétement minorée.

Le SNUipp-FSU va entrer dans les discussions avec la détermination d’améliorer concrètement le système d’évaluation des enseignants. En effet, si le dispositif actuel est vécu comme injuste tant le poids de la première inspection pèse sur toute la carrière et inefficace tant il se résume à une simple mise en conformité, le SNUipp-FSU refusera que le dispositif futur accentue ces défauts. Certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies. Il s’opposera à une conception managériale basée sur un mérite largement arbitraire qui entrainerait individualisme et division des équipes. Il est également hors de question que l’évaluation ne se réduise à un contrôle administratif et à une opération de classement des enseignants.

Le SNUipp-FSU portera le projet d’une évaluation formative qui soit une aide au développement professionnel pour que les enseignants soient encore mieux armés pour faire réussir tous les élèves. Il défendra les principes d’équité, d’égalité de traitement, de transparence. Il s’engage à informer et consulter les enseignants des écoles maternelles et élémentaires.

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Les Échos , 16 novembre 2011

Évaluation des enseignants : "pas de décret en catimini", assure Chatel

Le ministre de l’Education, Luc Chatel, a assuré mercredi qu’il n’était "pas question de prendre en catimini un décret" confiant l’évaluation des professeurs des lycées et collèges à leurs seuls chefs d’établissement, alors que ce projet inquiète les enseignants.
"Nous avons ouvert un groupe de travail avec les organisations syndicales sur la question, qui est très importante, de l’évaluation des enseignants tout au long de leur carrière. Ce groupe de travail avance. Nous sommes en train de discuter. Je n’ai aucun décret sur mon bureau prêt à être signé", a assuré M. Chatel à la presse, à l’issue du conseil des ministres.
"Il n’est pas question de prendre un catimini un décret, un arrêté, sans qu’il y ait eu de concertation", a-t-il insisté.
"Le cap, c’est celui d’une évaluation qui doit être améliorée. Je crois qu’aujourd’hui, tous les enseignants sont conscients du fait que le système d’évaluation tel qu’il existe n’est pas satisfaisant", a poursuivi le ministre.
M. Chatel a également rappelé que ce projet entrait dans le cadre du "pacte de carrière" lancé en 2009 pour "qu’on ait des enseignants qui soient mieux valorisés, mieux rémunérés, mieux accompagnés dans leur filière et qui aient des perspectives d’évolution qui soient plus intéressantes".

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Le Monde , 16 novembre

"Controverse autour de l’évaluation des enseignants", Aurélie Colas

Le vieil édifice sur lequel reposait l’évaluation des enseignants depuis la Libération est en train de s’effondrer. Deux documents de travail déjà très aboutis, révélés par le Café pédagogique mardi 15 novembre, prévoient, en collège et lycée, la mise en place d’une évaluation par le chef d’établissement - à la place de l’inspecteur - qui déterminera l’augmentation de salaire du professeur. Une véritable révolution.
Voilà près de deux ans que la directrice générale des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, Josette Théophile, y travaille. L’ancienne DRH de la RATP a été recrutée par le ministre de l’éducation, Luc Chatel, à l’automne 2009, pour "dynamiser", "personnaliser" et "déconcentrer" la gestion des ressources humaines, dit-elle. En somme, pour dépoussiérer une vieille machine qui fonctionne mal aux yeux de l’équipe Chatel.

Dès la rentrée 2012, devrait disparaître la fameuse "double notation" des enseignants : la note "administrative", attribuée par le chef d’établissement sur des critères comme la ponctualité, l’assiduité et la prise d’initiatives, et la note "pédagogique", la plus importante pour la carrière, donnée par l’inspecteur pédagogique régional après sa visite en classe.

Ce système mécontentait tout le monde. "Il n’est pas fiable, il est obsolète et injuste, car il ne repose que sur une inspection en classe qui a lieu à intervalles très irréguliers - au mieux tous les trois ans, parfois huit", soutient Marcel Pochard, conseiller d’Etat. Celui qui a présidé la commission sur l’évaluation du métier d’enseignant en 2008 se félicite de voir les choses "enfin" évoluer : "Tout système nouveau a de toute manière beaucoup de vertus face à un système qui ne va pas."

Dans le nouveau dispositif, c’est le chef d’établissement qui endosse le rôle d’évaluateur. Il mènera, tous les trois ans, un "entretien professionnel" avec chaque enseignant, indique le projet d’arrêté. Lors de cette rencontre, il évaluera quatre critères : la capacité à faire progresser chaque élève ; les "compétences dans sa discipline" ; la "pratique professionnelle dans l’action collective de l’établissement" (relations avec les parents d’élèves, investissement dans le projet d’établissement, etc.) ; et la "qualité du cadre de travail", afin qu’il soit "propice aux apprentissages et au partage des valeurs de la République". Il établira ensuite un "compte rendu" préconisant quelle augmentation de salaire il faut accorder à l’enseignant. Un modèle importé du secteur privé.

L’idée d’introduire des logiques managériales du privé dans l’administration n’est pas nouvelle. Dès 2006, une prime à la performance a été créée pour des hauts responsables au sein des ministères, puis, en 2008, pour l’ensemble des personnels de gestion de la fonction publique. En juillet 2010, un décret prévoyait de réformer "l’appréciation de la valeur professionnelle" des fonctionnaires d’ici à janvier 2012.

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Le Figaro , 15 novembre 2011

Les enseignants bientôt évalués par leurs proviseurs ?, Marie-Estelle Pech

Selon le projet d’arrêté, le supérieur hiérarchique devrait notamment évaluer la capacité
Deux projets d’arrêté et de décret entendent confier la responsabilité des enseignants à leur « supérieur hiérarchique direct ».

Les professeurs de l’enseignement public seront-ils bientôt évalués par leur proviseur de lycée ou leur principal de collège ? Un projet d’arrêté et un projet de décret, révélés aujourd’hui par le site d’enseignants le Café pédagogique et l’agence de presse AEF modifieraient le système de l’appréciation de la valeur professionnelle des enseignants « par la mise en oeuvre d’un entretien professionnel et des modalités d’avancement d’échelon par l’introduction d’un mécanisme de réductions d’ancienneté ». Selon le projet de décret, « cet entretien est conduit par le supérieur hiérarchique direct (le chef d’établissement ou son adjoint dans le second degré et l’inspecteur dans le premier degré) ». Une véritable révolution qui va faire du bruit dans les établissements scolaires...

Inspectés tous les quatre à cinq ans
Le ministère de l’Éducation nationale a, depuis un an, plusieurs fois émis l’intention de faire évoluer l’évaluation des enseignants. Aujourd’hui, les professeurs ne sont inspectés en moyenne qu’une fois tous les quatre à cinq ans et leur avancement dépend pour l’essentiel de leur ancienneté et d’un complexe système de points et de notes. Selon des groupes de travail mis récemment en place par le ministère, parmi les « points faibles les plus partagés » du système d’évaluation actuel, les inspections sont « trop espacées, aléatoires et brèves, ce qui ne permet pas un suivi efficace ». Et « la surprotection qui entoure la fonction publique empêche la valorisation des bons enseignants pour protéger les moyens et les mauvais ».

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