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IDEX 2 "Université Paris Saclay" : déclaration des élus FSU-SLR du conseil scientifique de l’université Paris Sud XI (13 septembre 2011)

mardi 13 septembre 2011, par Laurence

Déclaration des élus FSU-SLR du conseil scientifique de l’université Paris Sud

Il est demandé au Conseil scientifique réuni ce 12 septembre 2011, sans qu’il ait à se prononcer par vote, de transmettre quelques messages sur le contenu du texte du projet « Idex2 » dénommé « Université Paris Saclay » au Conseil d’administration extraordinaire convoqué le 13 septembre 2011. Il est intéressant de dire en préalable, qu’à l’heure où nous en discutons et où le CA aura à se prononcer sur ce texte de plus de 60 pages dont les conseillers ont eu connaissance jeudi 8 septembre, cette version ou une nouvelle a déjà été envoyée à la traduction pour un dépôt le 20 septembre, ce qui suggère des amendements uniquement à la marge.

Les élus FSU-SLR ont étudié ce texte, ses propositions, les perspectives d’avenir qu’il trace dans le cadre de l’Idex et d’une future Université Paris Saclay qui verrait le jour dès 2014. Ils ont constaté que le projet « Idex2 » tel qu’il est décrit dans ce texte, ne satisfait toujours pas aux attentes avancées par son congrès, instance la plus large et démocratique de notre université, réuni en avril dernier au début du processus de son écriture.

Le congrès avait alors, à l’unanimité, estimé que « l’accent exclusif mis sur « l’excellence », au détriment de la prise en compte de l’ensemble du potentiel d’enseignement et de recherche, la diversité des parcours et des publics faisant la richesse scientifique et pédagogique de l’Université, n’a pas orienté le projet IDEX comme il aurait fallu. » Il apparaît que le projet « Idex 2 » souffre de la même exclusive tant dans ce qui vise la recherche que la formation, la politique internationale ou la politique de ressources humaines. Et cela tout autant dans son expression – avec la répétition abusivement caricaturale du mot « excellence » - que dans ses intentions et sa structure.

Le congrès avait à l’unanimité demandé à la Fondation de Coopération Scientifique que : « l’ensemble des personnels et étudiants ainsi que les conseils statutaires des établissements soient associés aux réflexions scientifiques en cours, et à leurs réalisations. » L’absence totale de prise en compte d’une telle demande par le groupe de pilotage du projet « Idex 2 » apparait scandaleuse et lourde de menaces pour l’avenir. Les élus ne peuvent se satisfaire d’un prétexte d’urgence quand, les schémas de gouvernance de l’Idex 2 et, plus inadmissible encore, ceux du projet d’une Université Paris Saclay, sont déclarés devoir être d’abord ancrés dans « l’excellence de sa communauté scientifique ». L’absence des mots même de conseil (sauf d’administration) et d’élus traduit de fait un mépris pour l’ensemble de la communauté notamment universitaire, ses personnels, ses étudiants, leurs représentants qui, au jour le jour, dans les laboratoires, les conseils, les départements, les administrations, font de notre université, de sa recherche et de ses formations, ce qu’elle est.

Certes, il est un point de la résolution du congrès qui pourrait sembler avoir été entendu, au moins en partie. Le congrès considérait que : « la place donnée aux seuls Labex dans les projets scientifiques, ou l’accent mis sur les graduate schools au détriment de la continuité du L au D, ne permettent pas la construction d’une grande université confédérale fondée sur la collégialité et associant tous les acteurs. »

Le mot « graduate school » a disparu et elles n’apparaissent plus comme un élément structurant du projet. De plus, sur un plan en tout cas rhétorique, sinon dans la réalité du projet qui ignore superbement la quasi totalité de nos étudiants de licence, le lien avec les licences est mentionné. Cette disparition du paysage des graduate schools, l’affirmation à leur place des masters et d’écoles doctorales Université Paris Saclay symboliseraient une opportunité historique, qu’offrirait ce projet, de changer le paysage des études supérieures en France en engageant enfin un processus de rapprochement des grandes écoles et des universités.

Mais ce projet n’engage pas que cela, il formate et dirige la formation de ce que sera ce flux d’étudiants en master et doctorats de l’Idex en le pilotant par l’aval, sur des créneaux de formation et de recherche bien spécifiques. Priorité est en effet donnée au pilotage par l’innovation, moteur du triangle recherche/formation/innovation ; un pilotage assumé dans les mesures proposées comme dans la rhétorique, le texte même s’inscrivant dans les perspectives de société de la connaissance et processus de Lisbonne ; un pilotage dont les dangers avaient, entre autre, motivé le refus de notre université de voter le préambule du texte des statuts de la FCS en octobre et novembre dernier.

De plus, ce n’est pas en focalisant toute la structuration quasi uniquement sur les diplômes les plus élevés que le système pourra être réformé. Cela ne réglera pas la question sociale majeure - et de réel investissement sur l’avenir
– qu’est l’accès de toute une classe d’âge à l’enseignement supérieur et, entre autre, à l’université. Non seulement il est faux de croire à quelque effet d’entrainement au sein de l’Idex, mais encore il est irresponsable, au prétexte « d’excellence », de négliger le fait que le marché de l’emploi exige la formation de cadres de haut niveau mais également de cadres intermédiaires de très bon niveau. Or, les investissements financiers focalisés sur les initiatives d’excellence, comme l’Idex, sont prélevés à budget constant donc au détriment du reste.

Enfin, les conditions même du processus d’élaboration de ce projet Idex 2 rendent peu probable que des modifications significatives puissent être apportées à ce projet et en faire un projet compatible avec les exigences maintes fois exprimées par les conseils de notre université.

Pour toutes ces raisons fondamentales, les élus FSU-SLR du conseil scientifique demandent aux membres du CA de refuser la signature du texte Idex 2 en l’état , qui

- dans un avenir immédiat, avec le projet Idex, dégrade les rôles fondamentaux de notre université dans les domaines de la recherche et de la formation.

- dans un avenir à court et moyen terme, engage une préfiguration d’une « université Paris Saclay » qui, si elle sait s’approprier le terme « d’Université » ne présente dans le projet pratiquement aucune des valeurs universitaires auxquelles nous avons tous ici démontré, par notre travail et notre volonté, notre attachement fondamental.