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RCE, Formation des maîtres, Fusion des universités : contrer les manipulations de l’oligarchie - Lettre du Collectif UNIvers.Cité à tous les collègues de l’université de Lille 3, 4 juillet 2011

vendredi 8 juillet 2011, par Elie

Le mercredi 28 juin 2011 s’est tenu au Rectorat de Lille un Conseil
d’Administration de l’Université Lille 3 dont les conséquences sont
lourdes et risquent d’être irréversibles.

Le 28 juin, grâce aux suffrages des membres extérieurs nommés
et de la grande majorité des élus EPL3, la présidence de Lille 3
parvient à obtenir du CA le passage anticipé au 1er janvier 2012
aux Responsabilités et Compétences Elargies (16 voix pour,
9 contre, 2 abstentions). Les suffrages favorables d’élus de la
liste majoritaire, et dont le syndicat s’était pourtant
officiellement prononcé contre ce passage, ont suffi à faire
basculer le vote.

Désormais donc, nul n’ignorera que Lille 3 a réclamé le garrot
financier qui permettra au MESR de lui appliquer l’asphyxie
budgétaire systématique dont souffrent sans exception toutes les
universités passées aux RCE.

Le même jour, lors de la même séance, le Président Dupas annonçait
que deux documents seraient communiqués aux administrateurs par la
voix électronique, et feraient l’objet d’un débat lors d’une
réunion des 3 conseils convoquée en catastrophe mercredi 6 juillet
à 10h00.

1- Le premier document, intitulé « Convention master métiers de
l’enseignement co-habilités » (pièce jointe), entérine l’état de
fait actuel concernant la formation professionnelle des futurs
enseignants et ne présente aucune garantie quant aux moyens qui y
seront consacrés :

« Article 5 : Enseignements professionnels MEF. Pour assurer la
partie professionnalisante des spécialités MEF, les six universités
publiques confient à l’IUFM de la région Nord-Pas de Calais, école
interne de l’Université d’Artois, la maîtrise d’œuvre des unités à
vocation professionnelle et dénommées usuellement UE5 et UE6.
Cependant les compétences locales actuelles sont utilisées en
priorité. Pour ce faire, en tenant compte des moyens affectés à
l’IUFM dans le cadre de ses missions de formation, l’IUFM sera doté
des moyens de fonctionnement générés par les inscriptions des
étudiants et mis en commun par les universités cohabilitées. Un
avenant financier précisera les engagements de chaque université. »

En termes clairs : chaque université palliera, dans une mesure non
encore définie, le détournement des moyens IUFM opéré il y a plus
de six mois par l’Université d’Artois à son propre profit.

Les 6 universités de la Région s’apprêtent ainsi à couvrir la
trahison de ses missions par l’Université d’Artois, sans pour
autant s’engager à y porter remède.

Il suffit pour s’en convaincre de lire le deuxième document annexé,
en date du 29 juin et signé du Directeur de l’IUFM, et qui montre à
quel point les moyens nécessaires à l’IUFM pour la formation feront
défaut.

On comprend que le CEVU de l’Université d’Artois vienne de voter en
toute hâte cette pseudo-convention de gribouilles qui vaut
absolution : entre oligarques, on se serre les coudes, et tant pis
si cette entente se fait aux dépens de la qualité de la formation
professionnelle des futurs enseignants.

Par la signature de cette convention vide de tout engagement,
cuisinée dans la plus totale opacité par les présidences des
universités de la Région, et délibérément révélée en fin d’année
alors que tous les collègues concernés ou presque sont partis en
vacances, ce sont ainsi des mois de réflexion et de travail des
formateurs universitaires et professionnels du secondaire à la
recherche d’une solution utile aux étudiants, qui sont ainsi rayés
d’un trait de plume.

2- Le second document révélé le 28 juin, qui sera présenté le 6
juillet à la réunion des 3 conseils et soumis au CA du 8 juillet,
s’intitule : « Note d’orientation stratégique commune aux trois
universités de Lille : reconstituer l’université de Lille ».
(pièce jointe).

Ce document, fruit de la rédaction occulte des présidences de
Lille 1, Lille 2 et Lille 3, et tenu secret jusqu’au dernier
instant, ne tient aucun compte du long travail de concertation et
de réflexion collégiale des Groupes de travail Interuniversitaires
sur l’Université Régionale, montrant ainsi en quel mépris les 3
oligarchies tiennent leurs propres collègues universitaires.

Tombé du ciel sans aucune concertation préalable, il sera imposé
à l’examen et au vote simultané des CA des 3 universités
métropolitaines lors de leur dernière séance de l’année, avec
l’espoir que les administrateurs de Lille 3, encore sous le coup du
vote des RCE, de guerre lasse et par fatalisme, l’adopteront le
couteau sous la gorge.

Or, comme l’a clairement démontré la CGT dans son message du
vendredi 1er juillet, entériner ces orientations stratégiques
reviendrait à donner à l’Université fusionnée de Lille tout pouvoir
de décision en matière de politique scientifique et de formation,
de gestion des ressources humaines et de pilotage informatique.

Que l’on voie à quel degré de cynisme sont parvenus les oligarques
qui nous manipulent : ils ont tenté de nous vendre les RCE comme le
nec plus ultra de l’autonomie exécutive des universités.

Les RCE étaient censées porter remède à toute difficulté financière
et de gestion, et à ceux qui s’alarmaient des difficultés
comptables extrêmes des universités « autonomes », on a même fait
miroiter la rédaction d’un protocole d’accord local librement
négocié et censé nous mettre à l’abri de toute attaque contre les
garanties statutaires des personnels.

Et voici que, précisément à l’instant où nous sommes censés devenir
autonomes, on nous somme, dans l’urgence, alors que tous les
collègues ou presque sont absents de l’université, alors que ceux
qui s’y trouvent encore sont épuisés par des mois de lutte interne
pour essayer de sauver ce qui reste encore à Lille 3 de
l’université publique, on nous somme de renoncer entièrement à
cette autonomie supposée, et d’abandonner tout pouvoir de décision
au profit de de la future Université de Lille.

Ces manoeuvres indignes, totalement contraires aux principes
républicains d’une université collégiale, doivent être dénoncées
et mises en échec.

Les élus du Collectif Univers.Cité, en collaboration étroite avec
tous les démocrates des autres listes syndicales, s’engagent à tout
faire d’ici au 8 juillet pour empêcher la réussite de ce procédé
cynique et grossier, qui est une insulte à la conscience morale et
politique des administrateurs.

Il va de soi que si, malgré les protestations qui s’élèvent dans
les rangs de toutes les listes syndicales, y compris de la liste
syndicale majoritaire, la présidence s’entête à soumettre au vote
du CA le texte entérinant son propre suicide institutionnel, nos
élus refuseront de participer à ce vote et inviteront les autres
administrateurs à faire de même.

Collectif UNIvers.Cité