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Recherche prof en prépa - femme et mère s’abstenir : le recteur de Limoges s’explique - Véronique Soulé, "C’est classe !", Libéblogs, 29 mars 2011

mardi 29 mars 2011, par Laurence

Après les révélations de Libération sur une inspectrice qui avait informé uniquement des "profs hommes ou "femmes" sans enfant" d’un poste vacant en khâgne, le jugeant trop lourd pour une mère de famille, le recteur de Limoges, Jean Bertsch, vient de diffuser un communiqué de presse. L’affaire est regrettable mais n’aura aucune conséquence concrète, dit-il en substance, il est donc temps de passer à autre chose.

Trois points forts dans ce communiqué :

- Jean Bertsch "condamne fermement" les propos de l’inspectrice qui sont "une opinion personnelle".

- Convoquée, elle a reconnu "une maladresse".

- De toute façon, ce n’est pas elle qui recrute les profs de prépas et la procédure garantit une stricte égalité d’accès devant les postes.

Les réactions ayant été particulièrement nombreuses sur ce blog, à la hauteur du scandale que représente une attitude aussi ouvertement sexiste, je reproduis ici intégralement le communiqué :

"En réponse à l’article paru ce matin dans Libération, faisant état de propos jugés discriminants à l’égard d’une professeure, le recteur de l’académie de Limoges, chancelier des universités tient à préciser que ces propos relèvent d’une opinion personnelle de l’inspectrice dans un échange de mails et lui-même condamne fermement la position exprimée.

Il a convoqué l’inspectrice ce matin 29 mars pour lui demander des explications. Elle a elle-même reconnu avoir commis une maladresse. Heureusement, les conséquences sur le processus de nomination des enseignants sont nulles.

En effet, les enseignants de classe préparatoire aux grandes écoles sont nommés par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche sur proposition de l’inspection générale de l’éducation nationale. Cette procédure garantit l’égalité d’accès devant les postes.

Il faut noter que dans les CPGE littéraires de l’académie de Limoges, parmi les enseignants, 8 professeurs sur 11 sont des femmes en lettres supérieures, et 6 sur 10 en première supérieure.

Par ailleurs, l’académie de Limoges est particulièrement exemplaire d’un point de vue des initiatives pour promouvoir l’égalité des chances, comme en témoignent quelques réalisations récentes :

- Développement de l’accès aux filières du bâtiment et des travaux publics pour les jeunes filles sur le campus européen d’Egletons dans le cadre des grands investissements d’avenir.

- Prix Pro’fil de valorisation de filières professionnelles dans lesquelles les filles ou les garçons sont minoritaires en nombre,

- Prix Label’le, qui distingue les établissements et organismes qui mènent des actions significatives visant à renforcer l’égalité entre les genres,

- Prix de la vocation scientifique des filles,

- Projet Sciences et Techniques au féminin, validé par le Haut commissariat à la jeunesse qui a pour but de contribuer plus largement à la diversification des choix d’orientation scolaire et professionnelle des filles."

Lire la fin

Et aussi, sur le sujet :

Une enseignante en histoire de l’académie de Limoges a été récemment écartée d’une offre de poste en classe préparatoire littéraire au motif que la charge de travail était trop importante pour cette "mère de famille", a-t-on appris de source syndicale, confirmant une information de Libération.

Le quotidien livre mardi des extraits du courriel adressé par une inspectrice pédagogique régionale (IPR) à l’enseignante, surprise de ne pas avoir reçu de courrier indiquant qu’un poste en khâgne se libérait.

"Ce n’est pas un oubli de ma part, ce poste demande une énorme charge de travail très peu compatible avec le métier de mère de famille (même si les choses évoluent c’est très lent), je ne l’ai signalé qu’à des collègues hommes ou des collègues +femmes+ sans enfants", indique notamment l’inspectrice dans son courriel cité par Libération. "C’est sûrement une vision très passéiste, mais très réaliste", poursuit la fonctionnaire.

Dans un communiqué, le recteur de l’académie de Limoges, Jean Bertsch, "condamne fermement la position exprimée" et précise "que ces propos relèvent d’une opinion personnelle de l’inspectrice dans un échange de mails".

La ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse a également condamné la position de l’inspectrice et demandé au recteur de la convoquer, a déclaré le ministère à l’AFP.

Le recteur indique avoir reçu mardi l’inspectrice, qui a "reconnu avoir commis une maladresse", "pour lui demander des explications".

"Heureusement, les conséquences sur le processus de nomination (...) sont nulles", poursuit le recteur, "les enseignants de classe préparatoire aux grandes écoles étant nommés par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche sur proposition de l’inspection générale de l’Education nationale", une "procédure qui garantit l’égalité d’accès devant les postes".

Au sein des classes préparatoires de l’académie de Limoges, huit professeurs sur onze sont des femmes en lettres supérieures, et six sur dix en khâgne, note encore M. Bertsch qui rappelle que l’académie est "particulièrement exemplaire d’un point de vue des initiatives pour promouvoir l’égalité des chances".

"C’est une honte, je suis outrée, en tant qu’enseignante et encore plus en tant que femme et mère de famille", a indiqué à l’AFP Marie-Pierre Cadario, secrétaire générale académique du Sgen-CFDT Limousin.

"Si la section académique du Snes a bien connaissance de cette situation, elle tient à faire savoir que ni la professeur concernée, ni la section académique (...) ne sont à l’origine de la diffusion du courrier de l’inspectrice" dans le quotidien, indique dans un communiqué le Snes-FSU de Limoges, ajoutant que l’enseignante "n’a jamais souhaité que cette affaire soit rendue publique".

"Cette situation est une illustration, parmi d’autres, du fait qu’en terme de carrière, l’égalité hommes-femmes est loin d’être réalisée dans l’Education nationale", estime encore le syndicat.

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