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PRES franciliens : entre petits arrangements et grands desseins - Olivier Monod, "Educpros", 14 mars 2011

mardi 15 mars 2011, par Laurence

Trois articles dans ce dossier :

- Les PRES, antidote au paysage éclaté du supérieur francilien ?
- Universités orphelines de PRES : les manœuvres en cours
- PRES parisiens : HéSam rassemblé autour du grand emprunt

Introduction

Regroupements locaux, intramuros, thématique ou pluridisciplinaire… Sur la carte des universités et grandes écoles franciliennes, toutes les recompositions sont à l’œuvre. L’enjeu de visibilité internationale, à l’origine des PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur), semble, lui, loin d’être atteint en Ile-de-France. Même avec l’appât des milliards de l’Opération campus et des premiers Investissements d’avenir du grand Emprunt.

Notre série sur les PRES fait une étape spéciale sur les pôles de recherche et d’enseignement supérieur franciliens. Les huit PRES déposés montrent la complexité pour les établissements de Paris et de sa région à nouer des alliances. Et à établir des logiques claires.

Alors que l’État a voulu refondre l’enseignement supérieur dans l’optique de faire émerger des établissements de stature internationale visibles depuis Shanghai (et son classement), la région Île-de-France est à la peine comparée à certaines métropoles de province. La multiplication des initiatives gouvernementales (PRES, Plan campus, Investissements d’avenir) censées forcer les acteurs du secteur à se rapprocher se heurte, ici, à la multiplicité des acteurs et à leurs inimitiés. Constituées en 1971 sur des critères politiques, les universités franciliennes – 13 d’entre elles sont les héritières de l’Université de Paris – s’affrontent encore sur beaucoup de sujets. À commencer par l’utilisation du nom Sorbonne.

Et si la réforme devait échouer à l’endroit le plus important, dans la région-capitale ? Un territoire qui regroupe 30 % des étudiants français, 40 % du potentiel de recherche national, 17 universités, des centaines d’écoles. Et autant de désaccords, de mépris, de concurrence et de visions différentes. Sur ce terreau-là, les graines plantées par le gouvernement poussent comme des herbes folles, chacune dans sa direction.

Même s’il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif, la diversité des stratégies adoptées présage d’un arbitrage compliqué lors de l’attribution des milliards du grand Emprunt. Moins d’une dizaine d’Initiatives d’excellence doivent émerger des Investissements d’avenir. Tous les regroupements franciliens ne seront pas dotés puisqu’on compte déjà 8 PRES en Île-de-France : 4 intramuros stricto sensu et 4 en périphérie principalement. « Il y aura des morts », souffle un président d’université à deux pas du Panthéon.

Les PRES, antidote au paysage éclaté du supérieur francilien ?

Les observateurs étrangers, et parfois même nationaux, ne comprenaient rien à l’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche français. Il fallait donc réorganiser, simplifier et concentrer ce système. Le gouvernement a sorti la grosse artillerie : PRES, Plan campus, Initiatives d’excellence... La potion ne semble pas avoir réussi aussi bien entre les établissements d’Île-de-France qu’entre ceux d’autres métropoles régionales. Pourtant confrontés au même défi de réaliser en même temps leur autonomie.

L’autonomie, frein aux regroupements ? La Cour des comptes, dans son rapport de janvier 2011, souligne ainsi que « la dynamique de regroupement a été freinée par le passage progressif des universités aux responsabilités et compétences élargies prévues par la loi LRU ». De quoi accréditer l’idée qu’accorder l’autonomie aux universités au moment où on les force à s’allier n’était pas forcément la bonne. La critique semble particulièrement coller au cas francilien.

Le volontarisme politique du gouvernement a pourtant fait bouger certaines lignes, figées depuis des années. « Le paysage de l’enseignement supérieur est passé d’un flou statique à un flou beaucoup plus sympathique car en mouvement », ironise Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, en charge des universités et de la recherche. Maintenant, le « flou » a pris la forme « d’un millefeuille institutionnel incompréhensible », dénonce Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France, en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Illustration avec l’emblématique campus de Saclay.

Le futur pôle scientifique français s’étendra sur 9 km², accueillera 12.000 chercheurs en 2030 et représentera 10 % du potentiel national de recherche scientifique. Le futur mastodonte ressemble pour le moment plus à une hydre. Plusieurs structures différentes le régissent. L’aménagement du plateau est assuré par l’établissement public de Paris-Saclay (EPPS). La fondation de coopération scientifique Campus Paris-Saclay est, elle, le réceptacle des fonds de l’Opération campus et des Investissements d’avenir. Les deux organismes étant fortement liés par des membres communs dans leur conseil d’administration respectif.

Et ce n’est pas fini ! Sur les 23 établissements qui s’implanteront à terme sur le campus, certains font partie du PRES UniverSud Paris, d’autres du PRES ParisTech, quand le CEA et le CNRS ne sont rattachés à aucun PRES. Ajoutez à cela que tous les membres de ParisTech et d’UniverSud Paris ne s’installeront pas sur le plateau de Saclay. Pour l’heure, on a du mal à imaginer comment ce millefeuille administratif pourra augmenter la visibilité internationale de la recherche francilienne.

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Universités orphelines de PRES : les manœuvres en cours


Alors que les regroupements entre établissements franciliens ne sont pas encore achevés, trois universités se retrouvent en dehors de tous les PRES. Paris-Dauphine, Paris-Ouest-Nanterre-La Défense et Vincennes-Saint-Denis peuvent-elles vivre sans PRES ?

Vincennes-Saint-Denis, la mal-aimée

Paris 8-Vincennes-Saint-Denis est membre fondateur du campus Condorcet-Paris-Aubervilliers. Elle souhaite par ce biais se rapprocher du PRES HéSam formé par la quasi-totalité des autres membres du campus. De nombreux observateurs imaginaient Paris 8 former un regroupement au nord de Paris avec Paris 13, Cergy ou encore Nanterre. Malheureusement, Paris 13 et Cergy sont déjà associées dans d’autres structures et Nanterre ne semble pas vouloir former un PRES avec Paris 8 uniquement. Cette perspective semble donc s’éloigner.

Paris 8 trouve aussi de nombreux détracteurs, pour qui l’université souffre énormément de son histoire qui laisse une étiquette d’université d’(extrême)-gauche avec de lourds problèmes de gouvernance.

Paris-Dauphine, la franc-tireuse

Dauphine a déposé une Initiative d’excellence conjointement avec Paris Sciences et Lettres (PSL) sans pour autant demander son rattachement au PRES. Son président, Laurent Batsch, est persuadé que «  dans dix ans, les Idex auront supplanté les PRES ».

Le pôle financier de la Défense réunissant Nanterre et Dauphine sur le site du quartier d’affaires est dans toutes les têtes. Il pourrait se réaliser, mais pas forcément sous forme de PRES, chaque entité relocalisant certains de ses cours sur la dalle de la Défense.

Dauphine s’est écartée du modèle universitaire français en augmentant ses droits d’inscription et en brisant le tabou de la sélection. « Nous sommes hors PRES car on nous a reproché notre différence », lance son président. Il a donc décidé de se rapprocher de PSL, un regroupement d’établissements hautement élitistes, dont les membres principaux sont restés soudés au sein de Sorbonne université. Des intérêts partagés puisque PSL ne compte pas d’université parmi ses membres.

Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, l’incomprise

Selon sa présidente Bernadette Madeuf, « notre université peut devenir le pôle SHS [sciences humaines et sociales] d’UniverSud. Cela répondrait au souhait de notre ministre et permettrait de réaliser une “comprehensive university” du type des universités anglo-saxonnes de réputation mondiale. » De par sa taille et l’existence de son campus, Paris 10 présente en effet de sérieux atouts pour rejoindre un PRES UniverSud Paris très marqué par les scientifiques.

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PRES parisiens : HéSam rassemblé autour du grand emprunt

Qu’y a-t-il de commun entre l’université Paris 1- Panthéon-Sorbonne, l’ESCP Europe ou le CNAM ? Réponse : le PRES HéSam, dernier-né des pôles parisiens, qui réunit 12 membres (9 fondateurs, 3 associés), et dont le rapprochement s’est d’abord bâti autour d’une candidature commune au grand emprunt.

Rassemblement d’une université, Paris 1, et de onze établissements (voir encadré), aussi prestigieux que l’EHESS ou l’ENA, le pôle HéSam (Hautes Études - Sorbonne - Arts et Métiers) a un objectif : constituer une force de frappe suffisante pour remporter les appels à projets du grand emprunt. Pour le plus jeune des regroupements de Paris intra-muros (décret paru au JO du 31 décembre 2010), difficile en effet, pour l’instant, de trouver le temps de s’atteler à d’autres collaborations.

Les Initiatives d’excellence : un accélérateur pour la constitution du pôle HéSam

11 Labex ont ainsi été déposés, ainsi qu’une Initiative d’excellence intitulée "Novi mundi - Nouveaux Mondes" (1 milliard d’euros), en partenariat avec le CNRS, l’INED – qui pourrait bientôt rejoindre le PRES –, UniverScience, Cap Digital, System@tic et la fondation Campus Condorcet. (voir le projet IDEX du PRES HéSam).

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