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Motion du jury de l’agrégation interne de mathématiques sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignants (19 juin 2010)

vendredi 25 juin 2010, par Mathieu

La motion suivante a été votée par les membres du jury de l’agrégation
interne de mathématiques :
49 membres
29 votes exprimés
28 pour
1 abstention

Motion sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignants

Nous, membres du jury de la session 2010 de l’Agrégation Interne de
Mathématiques,
à la suite de la motion signée par la majorité des membres du jury de la
session 2009,
tenons à exprimer notre désaccord avec la mise en œuvre de la réforme de la
formation des enseignants.
Plus particulièrement, nous exprimons notre plus vive inquiétude sur trois
points :
1. Les conditions de stage.
Dans la plupart des académies, les lauréats des concours seront affectés
sur des postes
à temps plein (15h pour les agrégés, 18h pour les certifiés), avec
d’éventuels
allègements de 2h, ce qui est dérisoire. Ce dispositif qui doit remplacer
l’actuelle
année de formation en tant que fonctionnaire stagiaire (6 à 8h en
responsabilité, stage
de formation professionnelle et pratique accompagnée) va entraîner une forte
dégradation de l’entrée dans le métier, à la rentrée 2010, 16500 jeunes
enseignants
exerceront sans avoir reçu la moindre formation professionnelle.
Les quelques heures de formation en cours de Master prévues pour les
promotions
ultérieures sont très insuffisantes.
Nous pensons qu’une véritable formation professionnelle nécessite une
première
année de fonctionnaire stagiaire où l’enseignement en pleine
responsabilité n’excède
pas 1/3 du service.
2. L’année de M2.
Le calendrier des épreuves qui prévoit la prochaine session des écrits des
concours
(PE et CAPES) à l’automne 2010 ne permet pas d’assurer aux étudiants une
préparation sérieuse.
Nous demandons un report de ces épreuves.
Par ailleurs, mener de front en quelques mois, préparation de l’oral du
concours,
stage, activité de recherche, rédaction d’un mémoire sera, pour la
majorité des
étudiants, tout simplement impossible. La réorientation supposée en fin de
M1 des
non admissibles aux concours vers « d’autres métiers » ou dans des parcours
recherche est illusoire et déguise mal le fait que, pour la première fois,
sera
institutionnalisé le statut d’enseignant précaire, diplômé d’une spécialité
« enseignement » et non fonctionnaire de l’Etat.
3. L’épreuve « Agir en fonctionnaire de l’état et de manière éthique et
responsable ».

Il s’agit d’évaluer une compétence professionnelle. Cette épreuve a un
poids non
négligeable à l’oral de l’agrégation et du CAPES. Mais qu’est-il possible
d’évaluer à
ce stade-là du concours où les candidats ne sont pas des fonctionnaires en
exercice ?
Cette épreuve nous paraît pour le moins opaque, sur quels principes, sur
quels critères
pourrait-on décider d’une incompétence en matière d’éthique et de
responsabilité ?
Nous demandons la suppression de cette épreuve