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"Urgent - Ecole recrute retraités, étudiants, pour remplacements", Blog, C’est classe, Libération, 9 mars 2010

mardi 9 mars 2010, par Jean-Pierre

Trop c’est trop : cinquante parents d’élèves de Pantin, en Seine-Saint-Denis, ont envoyé ce matin à Luc Chatel des recours en indemnisation. Ils réclament un euro symbolique de "réparation" par jour de cours perdu par leurs enfants parce que leurs enseignants, absents, n’ont pas été remplacés. Pour ces parents exaspérés, le service public a failli. Et le ministre doit répondre. Pas sûr que sa proposition de recourir à des retraités et à des étudiants pour des remplacements suffise à désamorcer la colère.

La démarche de ces familles est inédite. Les absences non remplacées sont traditionnellement un sujet de mécontentement pour les parents. En primaire, les enfants sont répartis en "surnombre" dans d’autres classes et souvent perdent leur temps. Mais ponctuellement, les familles comprennent que le remplacement ne puisse se faire le jour même. De plus jusqu’ici, les plaintes concernaient surtout le secondaire, avec des profs non remplacés parfois pendant deux semaines. Dans le primaire, grâce aux "brigades" de remplacement, le problème semblait moins aigu.

Malgré tout la situation est difficile dans certaines académies comme Créteil. A l’école Joliot Curie de Pantin, Daniel Garault , représentant des parents d’élèves à l’origine de la révolte, affirme que sa fille Adèle, en CE1, a vu défiler 18 enseignants depuis le CP - une prof partie en congé maternité, ses deux remplaçantes à temps partiel, les collègues qui se sont répartis les élèves, etc.

"En collectant les recours, explique-t-il, je me suis aperçu que mon école n’était pas une exception. Dans les quatre autres où des parents sont mobilisés, il y a au moins une classe où les élèves ont eu au minimum quinze jours de cours non assurés depuis la rentrée". Le maire de Pantin, le socialiste Bertrand Kern, dont la fille est scolarisée dans l’une de ces écoles, compte parmi les plaignants.

Pour Daniel Garault comme pour les autres parents, il y a en plus une injustice. La Seine-Saint-Denis est particulièrement touchée par la pénurie de remplaçants - sur la seule ville de Pantin, il en manquerait une douzaine. Or la population y est socialement fragile et les journées perdues pèsent plus lourdement pour ces enfants que pour d’autres. A Joliot Curie, un tiers des familles sont non francophones, une majorité d’origine étrangère. .

Chatel mars 2009 ministre Ind et Consommation (Reuters) L’annonce par Luc Chatel d’une "mobilisation générale" en faveur du remplacement n’a guère impressionné à Pantin. Le ministre a notamment demandé aux Rectorats de "constituer un vivier supplémentaire de contractuels associés : des personnes qui auront déjà été vues par les inspecteurs, et dont on sait qu’on pourra les appeler au pied levé, pour un ou trois jours, des jeunes retraités de l’Education nationale, des étudiants qualifiés ou adultes diplômés".

L’annonce a surtout déclenché un tollé parmi les syndicats enseignants - comme le SE-Unsa, Sud Education , le Snalc - , étudiants - l’Unef -, lycéens - la Fidl et l’UNL - ainsi que les chefs d’établissement du SNPDEN. "Remplacer au pied levé un enseignant dans une classe de maternelle ou de CM2 ne s’improvise pas : cela demande connaissance des niveaux, de la gestion d’une classe et professionnalisme", écrit le SNUipp, principal syndicat du primaire. "Le ministre feint d’oublier qu’à la rentrée, il a supprimé 3000 postes de remplacement", rappelle le SNES, principal syndicat du secondaire, qualifiant Chatel de "pompier pyromane".

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