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Sarkozy oublie les chercheurs... à temps plein - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 11 janvier 2010

lundi 11 janvier 2010, par Laurence

D’emblée, Nicolas Sarkozy a fait une boulette dans les salutations de son discours tenu ce matin à Supélec, pour ses voeux à l’Education nationale et à la recherche. Un oubli qui soulève déjà des réactions.

Il n’oublie pas les recteurs, ni les députés... il cite les enseignants, puis les enseignants-chercheurs (les universitaires) et, patatras, il oublie les chercheurs. Autrement dit, dans le langage convenu, connu par coeur de tout responsable politique s’occupant de la recherche - et on peut le parier de ceux qui ont écrit ce discours - ceux qui sont embauchés par le Cnrs, l’Inserm et autres organismes de recherche sur un contrat de chercheur à temps plein. Et si ces chercheurs participent très souvent à l’enseignement supérieur, donnant des cours à l’Université et en Grandes Ecoles, encadrant souvent des thèses, c’est en grande partie leur mode de recrutement - sur des concours à l’échelle nationale ouverts à tous les candidats de toutes nationalités - et à leur statut permettant de se consacrer à plein à la recherche scientifique qui a permis à la France de tenir son rang dans la compétition internationale. Un statut et un volume d’emplois de ce type que seule l’action vigoureuse du monde de la recherche a permis de sauvegarder.

Il est assez drôle, dans ces conditions, d’entendre Nicolas Sarkozy revenir en fin de discours sur le Cnrs, l’Inserm, le CEA, pour souligner à quel point ils ont permis à la France de jouer un rôle majeur en science et en recherche fondamentale. Enfin, drôle, certains riront jaune... D’ailleurs, il a lourdement insisté : « les organismes de recherche doivent faire évoluer leurs missions, » pour accompagner les universités dans leur action. Et participer au transfert de technologies pour l’économie.

Nicolas Sarkozy voit d’ailleurs un seul « petit groupe de pays capables de rester en tête de cette compétition mondiale » à la puissance économique... un rêve dépassé, irrémédiablement. L’époque où le savoir de pointe, source de surpuissance technologique et industrielle, voire militaire et politique, pouvait être confisqué par un petit groupe de pays est révolu, définitivement. Il faut penser coopération et non une concurrence mortifère, où si certains gagnent d’autres perdent, en matière de savoirs et de technologies, en particulier pour faire face aux défis du climat, du développement sur une Terre aux ressources finies.

Sinon, le discours de Nicolas Sarkozy a confirmé sa volonté : « notre système d’enseignement et de recherche est engagé dans un mouvement de profonde transformation, ma détermination à le poursuivre est intacte. » Une volonté affirmée sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignants (la mastérisation), pourtant vivement contestée y compris par la Conférence des Présidents d’Université. Une réforme présentée comme la condition pour s’attaquer à ce qu’il appelle « la paupérisation des enseignants ». Une nouvelle promesse, pour laquelle aucun chiffre n’a été avancé.

Le président a vanté sa politique universitaire, affirmé qu’une pluie de milliards tombe sur les universités et la recherche, en particulier pour les campus d’excellence, comme celui de Saclay. Des milliards en provenance du Grand Emprunt notamment. Une vision contestée par certains...

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