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Réflexions sur la crise universitaire 2009 - Sylvestre Huet, Sciences2, Libéblogs, 17 juillet 2009

samedi 18 juillet 2009, par Laurence

Les animateurs du mouvement Sauvons l’université viennent de publier une réflexion sur la crise qui a secoué les universités cette année.
Ce retour sur des événements historiques - la dernière grève longue et massive des universitaires remonte à 1976 ! - mérite le détour.

Ses auteurs sont en effet parmi ceux qui ont le plus contribué à lancer ce mouvement, même si personne ni aucune organisation comme SLR , ni syndicale (même la principale, le Snesup FSU) ne peut véritablement revendiquer la responsabilité pleine et entière de son déclenchement et, surtout, de sa durée.

Ce qui ressort d’une première lecture de ce texte, c’est que les acteurs même de ce mouvement ont du mal à en cerner les contours, les véritables raisons et donc les perspectives possibles. Cela n’a rien d’étonnant.
Ainsi, le 2 février, le premier jour de cette grève, j’ai publié sur ce blog une longue interview de Jean-Louis Fournel, porte parole de SLU. On y lisait en particulier ceci : « Elles (les raisons de cette grève) sont multiples et bien loin d’une réaction corporatiste à la seule réforme de nos statuts, réforme qui constitue la goutte d’eau qui a fait déborder un vase rempli d’abord par les décisions gouvernementales... ».

Autrement dit, si le vase n’avait pas été rempli, la goutte d’eau se serait écrasée au fond. Ce n’est d’ailleurs pas trahir un secret que d’affirmer qu’au moment même où ils lancent ce mouvement, la plupart des ses animateurs principaux ne savent pas du tout vers quoi ils se dirigent. La plupart d’entre eux sont persuadés qu’il va s’agir d’un "blitzkrieg" de deux ou trois semaines maximum. Et qu’à cette échéance, soit le gouvernement cèdera, soit les universitaires reprendront le chemin des amphis.

Mais la profondeur de la colère, de la crise de confiance vis à vis du monde politique (et pas seulement de la droite au gouvernement), du sentiment de "déclassement" (concept à la mode...) des universitaires va aboutir à une dynamique de groupe ou, d’A-G en A-G, le mouvement sera reconduit sur une longue durée, imprévue par ses acteurs. La manière différente dont, selon les UFR et en particulier une nette dichotomie entre sciences de la nature et sciences de l’homme, cette action a été conduite ne doit pas faire illusion. La contestation est vive partout, même s’il est évident que la ministre reçoit aussi des soutiens dans le monde universitaire et pas seulement de présidents d’universités.

Cette analyse des raisons profondes et multiples de ce mouvement, que l’on retrouve dans le texte de SLU, s’oppose radicalement à la vision qu’en développe David Bonneau, ancien conseiller juridique de Valérie Pécresse. Dans un document de la Fondation pour l’innovation politique (joint), il développe le point de vue selon lequel c’est la défense stricte du "statut" des Enseignant-chercheurs, selon l’argumentaire présenté par Olivier Beaud, qui explique cette crise. Une vision bien naïve... qu’Olivier Beaud lui même aurait bien du mal à suivre.

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