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Communiqué de la CEDUL (Conférence des Doyens et Directeurs d’UFR Lettres Langues Sciences Humaines et Sociales)

Janvier 2008

vendredi 25 janvier 2008, par Laurence

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L’avenir des formations Lettres Langues Arts Sciences Humaines et Sociales exige une concertation large et approfondie.|]

Durant de longues semaines la mobilisation pour exiger l’abrogation de la loi LRU ou pour critiquer certaines de ses dispositions a touché en priorité semble-t-il les Facultés de Lettres Langues Arts Sciences Humaines et Sociales. Faut-il s’en étonner ? Ou faut-il à trop bon compte, en réactivant des clichés éculés, imputer ce mouvement de protestation à des traditions contestataires particulièrement vivaces dans des filières « saturées » et « sans issue » ? La CEDUL estime au contraire que les inquiétudes récemment exprimées publiquement par les étudiants et les personnels du secteur LLASHS sont doublement compréhensibles : d’une part au vu des hypothèques ouvertes sur l’avenir des formations par l’autonomie des universités impulsée par la loi LRU ; d’autre part au vu des contraintes instituées par le Pacte pour la Recherche, qui subordonne la Recherche et son financement aux directives de l’ANR et fait prévaloir des critères de rentabilité et de visibilité souvent peu pertinents pour évaluer le travail des équipes de recherche de nos secteurs.

Chez nos étudiants, ces inquiétudes sont par ailleurs symptomatiques d’interrogations anciennes et taraudantes sur leur avenir professionnel et l’utilité de leur diplôme, interrogations avivées par des campagnes récurrentes de stigmatisation des filières LLASHS, qui ont redoublé depuis la crise du CPE. À dire vrai, comme la CEDUL s’était efforcée de le souligner en janvier 2007, le débat sur l’avenir et l’utilité sociale des « Humanités », sur l’employabilité des diplômés LLASHS et leurs compétences, se fonde trop souvent sur des stéréotypes contestables ou des données partielles, dont portent encore la trace les dossiers thématiques publiés depuis un an dans un nombre croissant de périodiques spécialisés ou grand public. Madame le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, tout en regrettant que les sept groupes engagés dans l’opération Phénix n’aient pas tenu leurs engagements d’embauche, pourtant très médiatiquement proclamés lors du lancement de ce dispositif innovant, a peut-être elle-même cautionné ce déni de professionnalisation infligé à nos formations en déclarant le 1er octobre que « la filière SHS ne développe pas suffisamment les compétences attendues par le monde professionnel ».

Tant au plan national qu’au plan local des établissements la CEDUL ne saurait s’accommoder d’une réflexion stratégique sur l’avenir et l’efficacité des formations LLASHS qui resterait engluée dans le dénigrement ou parasitée par des approximations. Elle tient en conséquence à rappeler tout d’abord que les UFR de Lettres Langues Arts Sciences Humaines et Sociales ont su prendre de longue date, et particulièrement depuis la mise en place du LMD, des initiatives concluantes et innovantes pour professionnaliser certains cursus sous forme de Licences Professionnelles ou de Masters Professionnels, même si ces succès nombreux sont encore insuffisamment valorisés par les médias. Plus largement, la CEDUL rappelle que les formations préparant les futurs cadres des secteurs de l’enseignement, du travail social, de la traduction, de la communication, de l’aménagement du territoire, de la politique de la ville, de la gestion des crises… relèvent d’une professionnalisation authentique et d’une utilité sociale incontestable.

La CEDUL souligne ensuite que des recherches rigoureuses, y compris un dossier émanant de la Direction des Etudes et Prospectives du MESR, insistent sur les atouts incontestables dont disposent les diplômés LLASHS pour une insertion professionnelle réussie, atouts distinctifs qui tiennent largement à leur polyvalence rédactionnelle et communicationnelle, à leurs capacités d’analyse de situations de communication diverses, à leur culture générale enfin qui renforce leur adaptabilité. Or, avec l’effacement en Master de la distinction Pro/Recherche et la préconisation par le nouveau plan Licence d’une Licence qualifiante, il est question aujourd’hui de dépasser une professionnalisation étroitement calquée sur les besoins conjoncturels du marché de l’emploi et conçue selon une logique de « niches » de spécialités ; l’objectif affiché est de promouvoir une employabilité plus large et à plus long terme, qui permettrait au diplômé de faire fructifier ses compétences et de construire de manière « sécurisée » une trajectoire professionnelle ponctuée par d’inévitables mutations et reconversions. Pour cette nouvelle donne, les formations littéraires ont donc des atouts à faire valoir et doivent pouvoir les déployer.

Elles le feront d’autant mieux, en développant le cœur disciplinaire de leur cursus et en pratiquant une pluridisciplinarité raisonnée en début de Licence, qu’elles pourront effectivement, par delà les effets d’annonce, bénéficier d’une augmentation substantielle de leur volume horaire et d’un encadrement renforcé en personnels titulaires. A cet égard, l’absence d’une loi de programmation, comportant notamment un plan pluriannuel de créations d’emplois, pourrait compromettre à nos yeux l’objectif affiché de mobiliser les équipes pédagogiques autour de l’ambitieuse réforme de la Licence, et en particulier de lutter avec efficacité contre l’échec en première année.

Consciente que les UFR de Lettres Arts Sciences Humaines et Sociales doivent, par leurs initiatives pédagogiques et leur indéniable dynamisme, s’imposer comme des lieux attractifs de savoirs tout à la fois critiques et professionnalisants, délivrant des diplômes qualifiants et reconnus, la CEDUL se déclare disponible pour une concertation large et approfondie sur la rénovation pédagogique des formations et sur les moyens nécessaires à sa réussite. Pour que cette réflexion prospective associe tous les acteurs de terrain, dont dépend au quotidien le succès de toute réforme, la CEDUL est notamment prête à s’impliquer dans l’organisation d’Etats Généraux des formations LLASHS, dont les acquis et conclusions pourraient nourrir la mise en œuvre du LMD2 dans les prochaines années.

Pour la Conférence des Doyens et Directeurs d’UFR Lettres Langues Arts Sciences Humaines et Sociales (CEDUL),
le Président
Jacques Migozzi
Doyen FLSH Limoges
05 55 43 56 01
jacques.migozzi@unilim.fr