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Lettre de P. Selosse à JC Rabier, président de Lyon II (concernant le message d’Alice Verstraeten)

19 décembre 2007

lundi 14 janvier 2008, par Laurence

(Ph. Selosse, message du 19/12/07)

Chers collègues,

Je ne vous avais pas caché mes réticences sur le message d’Alice Verstraeten (allocataire-monitrice en anthropologie) : une diffusion tardive, une signataire mal identifiée, une analyse passionnelle, des informations parfois floues (jusque dans les termes), parfois exagérées en généralités (même si les faits qu’elle raconte ont été constatés, ponctuellement, par certains collègues anti-LRU, ce qui m’avait conduit à vous transmettre malgré tout ce message). Je suis de ceux qui préfèrent une analyse collective, corroborant les faits, plus rationnelle. Mais après tout, cela pouvait passer pour un péché de jeunesse, excusable par le courage de dire en son nom propre ce que beaucoup pensent mais n’osent écrire.

Je pense utile de revenir sur ce message - ceux qui trouvent qu’une fois encore, on ne parle pas de la LRU, voudront bien m’en excuser. La présidence, par la voix de JC Rabier, a diffusé hier soir à tous les personnels et étudiants une réfutation des analyse d’A. Verstraeten. On voit une première chose qui me semble inquiétante : si l’on s’inquiète publiquement du régime policier mis en place dans notre université, cela conduit à une mise au pilori devant tous les enseignants et étudiants. Nul doute que les enseignants en sortiront grandis aux yeux de leurs étudiants. Quand on sait que dans la présidence se trouvent le président actuel ou des prétendants à la présidence, et que la LRU aboutira à une hyper-présidentialisation, cela fait froid dans le dos. Par ailleurs, cette lettre, qui s’acharne parfois (je ne crois pas que M. Rabier critique notre ministre de parler de "facs"), profite de l’occation pour réécrire totalement les événements : c’est en son genre un sommet de désinformation.
Vous avez reçus mes messages, vous aurez rectifié beaucoup d’infos et mon message vous paraîtra sans doute inutile. Je pointerai quelques points majeurs de désinformation :

1/ "opposition à la loi de Claude Journès". Pourquoi n’avoir jamais soumis au vote (je ne dis pas voter !), comme dans plus de 30 universités, une motion au CA sur l’abrogation de la loi ? Pourquoi l’avoir refusée au CA du 30 novembre ?

2/ "l’équipe présidentielle a été en contact quotidien avec les étudiants, y compris avec les délégués des assemblées générales" : au point de ne pas convier les représentants des AG aux tables rondes ? Rappelons que ce sont les personnels mobilisés qui ont convié les étudiants bloqueurs, sans quoi tout se serait déroulé avant tout avec des représentants étudiants hostiles au mouvement (UNI (!) et anti-bloqueurs...) ;

3/ "A aucun moment la concertation avec les divers membre de la communauté n’a été rompue" : sauf en imposant le "vote" électronique condamné par la CNIL ; sauf en confisquant le vote à bulletin secret qui devait être organisé par administration et étudiants ;

4/ "L’intervention des forces de l’ordre a été requise pour et a contribué à rétablir la liberté d’accéder aux lieux de l’activité universitaire" : les forces de l’ordre n’ont pas contribué à rétablir la liberté d’accès, JC Rabier le sait très bien, lui qui était favorable à une présence policière le matin dès 6h30-7h et qui souhaitait reconduire le dispositif la semaine du 10 décembre. Si l’accès a été libéré, c’est par l’action des personnels auprès de la présidence le 7 décembre, pour la convaincre de supprimer toute présence policière dès lundi 10/12 : belle récupération ! Par ailleurs, tous ceux, ancien président d’université compris, qui ont refusé de faire cours tant que la police était devant l’université, apprécieront cette négation de leur résistance.

5/ "Dans tous les cas et à tous moments (sauf lorsque des personnes bloquaient, en amassant divers mobiliers devant les issues ou en collant les serrures, l’accès aux locaux) la sécurité des personnes pénétrant dans les bâtiments a été assurée, les sapeurs-pompiers ayant validé les procédures de secours envisagées". Ou sauf lorsque la présidence bloquait : le cahier du Comité Hygiène et Sécurité mentionne bien que toutes les issues de secours sont fermées par la présidence sur le campus de Bron (témoignage écrit et consultable). Je cite par ailleurs un courriel de Philippe Roger, qui s’est particulièrement impliqué dans cette question dès le 05/12 :
"j’ai appelé le responsable des services techniques de la municipalité de Bron, qui a été très étonné (et trouve anormal) de ne pas avoir été prévenu du blocage par la présidence des issues de secours. Il m’a dit que même si les pompiers (caserne de St Priest ? à vérifier) ont été prévenus (ce que prétend Journes dans son dernier message fantaisiste), cela ne l’oblitère nullement de sa responsabilité, en cas d’incendie. Il n’est pas couvert légalement ! !
Il m’a dit que si l’on entend contester cette décision, il faut faire un courrier au maire de Bron, qui avertira la commission départementale de sécurité (seule habilitée pour l’université, nos locaux recevant plus de 1500 personnes) qui pourra constater sur place les éventuelles irrégularités concernant les issues de secours.
Quant à la sécurité de Bron, ils disent qu’ils ont un systeme d’alarme qui les préviendrait en cas de pépin ! Et ils reconnaissent que c’est à chacun de voir s’il se sent ou non en danger, et faire dans ce cas jouer son droit de retrait".

6/ Quant à l’étudiant blessé "plus légèrement qu’indiqué", JC Rabier omet de signaler que toute la journée du 7/12 il a nié que le blessé soit un étudiant de Lyon2 et qu’il a fallu produire le certificat médical pour mettre un terme à sa désinformation.

7/ les "deux arrestations à l’initiative des forces de l’ordre" sont tombées par hasard sur les deux représentants syndicaux de la FSE et de SUD, devant le président de l’université qui ne les a pas du tout pointés ;

8/ "multiplicité des films vidéos diffusés chaque jour, le plus souvent dans un sens univoque" : mutiplicité des courriers présidentiels diffusés chaque jour, toujours dans un sens univoque.

Rassurez-vous, nous sommes en démocratie.

Ph. Selosse