Accueil > Université (problèmes et débats) > La loi LRU > Actions contre la LRU (2007-2008) > Communiqué du CEIMSA (Stendhal Grenoble 3)

Communiqué du CEIMSA (Stendhal Grenoble 3)

jeudi 20 décembre 2007, par Laurence

[|Communiqué du CEIMSA (Stendhal Grenoble 3)|]

Pour accéder au site de Grenoble Indymedia qui publie ce communiqué : cliquez ici.

"Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave. On matraque des étudiants grévistes non violents. Qui plus est, ce sont des universitaires - nos propres dirigeants - qui font appel aux forces de l’ordre. C’est sans précédent. L’Université était un sanctuaire, un contre-pouvoir, un lieu d’échange et de discussion. C’est aujourd’hui un lieu de répression.

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : en fait il ne se passe RIEN. La grande masse des personnels est absente. Les AG inter-U rassemblent quelques dizaines de membres du personnel. Comme si tout cela concernait une poignée de "bloqueurs" d’une part, et les forces de l’ordre d’autre part. Où sommes-nous ?

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : une loi est en train de dessiner une AUTRE Université. L’Université de demain. L’Université de vos rêves - ou de vos cauchemars. Et tout ceci sans que vous ayez eu le temps d’y penser, sans que vous y ayez pris part - une loi votée comme ça, l’air de rien, un 10 août, pendant que vous tentiez d’oublier un peu votre métier pour penser à autre chose. Pendant que vous pensiez à autre chose, vos ministres eux, pensaient à vous. Ou plutôt : pour vous...

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : votre métier est en passe de devenir un AUTRE métier. Vous pensiez avoir une mission : transmettre des connaissances à des étudiants - des connaissances générales, avec une valeur universelle, qui pourraient leur être utiles tout au long de leur vie d’adulte : en tant que professionnel, mais aussi en tant que citoyen, en tant qu’être pensant. Vous pensiez que ces connaissances - ou ces outils - sont la meilleure garantie d’une bonne insertion professionnelle, dans le long terme. Dans l’université de demain, ces connaissances seront finalisées, et leur valeur sera mesurée à l’aune l’insertion professionnelle. Or, celle-ci peut-elle être mesurée autrement que dans l’espace du local et l’intervalle du court terme ? La valeur d’une connaissance est-elle réductible à sa rentabilité économique immédiate ?

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : l’AUTONOMIE des Universités ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Les Universités étaient dirigées par des universitaires, et financées par l’Etat. Les universitaires n’avaient de compte à rendre qu’à l’Etat, en fonction d’objectifs qu’ils s’étaient eux-mêmes fixés. Elles seront bientôt dirigées, en partie, par des acteurs du monde économique, et dépendront, en partie, des subsides de fondations privées. Elles auront des comptes à rendre au monde économique. Elle n’auront plus qu’une seule autonomie : gérer la pénurie financière. Avec les partenaires de leur choix.

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : la science n’y sera bientôt plus libre. La finalité première de l’activité scientifique était de faire progresser la connaissance. Demain elle sera de faire fonctionner l’économie de la connaissance. La mission première de l’Université était de diffuser ces connaissances. Demain elle sera de déposer des brevets pour les protéger. Dans un monde où certaines entreprises voudraient breveter le vivant, où seront les garde-fou ? Serons-nous contre-pouvoir, ou complices ?

*Que vous soyez pour ou contre la LRU, pour ou contre le blocage, pour ou contre le gouvernement, IL EST URGENT DE SE DONNER LE TEMPS de s’informer sur le texte, d’en évaluer les conséquences, de réfléchir sur ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. C’est une exigence démocratique. NOUS SOMMES LES PREMIERS CONCERNES. C’est pourquoi je me permets de vous écrire ce mail, en tant que membre de la même communauté.

*Soyons nombreux aux AG des personnels, aux commissions de réflexion, mobilisons-nous !

Demain il sera trop tard. Bien trop tard, pour dire : "nous ne savions pas..."

Olivier Kraif
Maître de conférences en Informatique

(Qui n’a aucune envie de devenir Maître de conférences en Certification Microsoft, ou Partenaire Intel, à l’Université Stendhal (TM)