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Politique (Recherche et Université) Un appel à la création d’emplois scientifiques lancé par des jeunes précaires - Sylvestre Huet, blog "sciences" de Libération, 4 février 2009

mercredi 4 février 2009, par Laurence

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Pour les jeunes scientifiques en situation de précarité, il y a encore plus urgent que la mobilisation autour des réformes gouvernementales : la création d’emplois dans la recherche et l’Université.

C’est ce que signifie un appel lancé à l’initiative de jeunes scientifiques, doctorants et docteurs, ouvert à la pétition sur un site web.

Il réclame la création de postes de chercheurs et d’ingénieurs dans la recherche publique, de maitres de conférence. Ce texte rappelle qu"en 2009, 900 suppressions de postes ont été effectuées : 25% de baisse des emplois de chargé-e-s de recherche ouverts au CNRS : 400 postes en 2008… 300 en 2009… ; plus de 50% de baisse à l’IRD ; 20% à l’INSERM ; 10% à l’INRA ; disparition des Post-docs (cdd) CNRS : 250 en 2008…0 en 2009… ; 200 postes en moins aussi dans les Universités…."

A l’inverse, il liste une série de revendications déjà avancées lors des Etats Généraux de la Recherche à Grenoble en 2004 : "2500 postes statutaires supplémentaires (1500 de plus dans les universités publiques, 1000 de plus dans les organismes de recherche publics), qui combleront à peine les suppressions opérées par le gouvernement entre 2008 et 2009 et les besoins urgents. Nous exigeons en outre un plan pluriannuel d’embauches pour les 4 prochaines années, qui comble les déficits d’emplois dans les universités et les organismes de recherche publics chiffrés à bien plus de 5000 postes par les Etats-Généraux de la Recherche en 2004 (et qui n’ont toujours pas été créés)."

Voici le texte intégral de l’Appel :

« Nous, jeunes docteur-e-s, doctorant-e-s et jeunes diplomé-e-s, au chômage, en situation professionnelleRecherche_mdicale précaire, et à la recherche de postes statutaires pour mener à bien nos programmes de recherche et nos métiers, n’acceptons plus la situation dans laquelle nous sommes placé-e-s par la politique endémique de restriction budgétaire et les objectifs comptables de suppressions d’emplois.

Toutes et tous, nous consacrons notre jeunesse aux études, à la recherche et à la science, et nous refusons de passer notre temps en candidatures, montages de dossiers et compétitions stériles répétées.

Nos travaux, expériences et projets sont complémentaires et méritent ensemble d’obtenir les moyens de leur réalisation, sur la durée, au lieu de leur mise en concurrence permanente, sous la contrainte de statuts toujours plus éphémères et précaires.

La pénurie de postes et les séries de concours auxquelles nous sommes obligé-e-s de nous soumettre, en espérant obtenir –peut-être, après des années de précarité et de tentatives usantes, un précieux poste statutaire, font perdre à la société, à la recherche et à la science le plus beau et le plus efficace de notre enthousiasme de jeunesse.

Ainsi, toutes nos études initiales (réalisées pour l’essentiel aux frais des contribuables) et tous les efforts consentis, au cours de nos expériences et travaux antérieurs, viennent-ils le plus souvent se fracasser sur la dure réalité d’une pénurie d’emploi, savamment entretenue par les gouvernants…pour quelques postes de fonctionnaires en moins dans le budget de l’Etat.

Nous refusons cet effroyable gâchis dont nous payons –au prix fort– les pots cassés.

Une société d’avenir est une société qui saurait donner une place importante à la science et à la connaissance en lui apportant en premier lieu les moyens humains de ces ambitions.

Aujourd’hui, nous sommes là, par centaines, formé-e-s par nos ainé-e-s et auto-formé-e-s dans un système qui jusque-là a montré toute sa valeur et son rayonnement international. Si nous n’obtenons pas de poste aujourd’hui, il sera trop tard, nombre d’entre nous s’exileront et d’autres se résoudront à des jobs sous-qualifiés. La chaîne des générations sera alors brisée, les plus jeunes d’entre nous se détourneront des études, et la société dans son ensemble ne sera plus en mesure d’assurer sa cohésion ni de transmettre à ses enfants les outils de la compréhension du monde et d’une vision d’avenir.

Nous exigeons donc, au minimum, le comblement immédiat des manques et besoins de postes statutaires dans l’enseignement et la recherche publics (enseignant-e-s, chercheurs/ses et personnel-le-s techniques ou administratifs), par une création immédiate de postes supplémentaires cette année :

Ce printemps et cette année nous serons encore des milliers à présenter des concours de recrutementLogo_cnrs dans les universités et organismes de recherche, pour des postes de moins en moins nombreux, dont tous les effectifs viennent encore de chuter dramatiquement cette année.

Nous observons, en 2009, 900 suppressions de postes : 25% de baisse des emplois de chargé-e-s de recherche ouverts au CNRS : 400 postes en 2008… 300 en 2009… ; plus de 50% de baisse à l’IRD ; 20% à l’INSERM ; 10% à l’INRA ; disparition des Post-docs (cdd) CNRS : 250 en 2008…0 en 2009… ; 200 postes en moins aussi dans les Universités….

Nous exigeons donc tout de suite 2500 postes statutaires supplémentaires (1500 de plus dans les universités publiques, 1000 de plus dans les organismes de recherche publics), qui combleront à peine les suppressions opérées par le gouvernement entre 2008 et 2009 et les besoins urgents.

Nous exigeons en outre un plan pluriannuel d’embauches pour les 4 prochaines années, qui comble les déficits d’emplois dans les universités et les organismes de recherche publics chiffrés à bien plus de 5000 postes par les Etats-Généraux de la Recherche en 2004 (et qui n’ont toujours pas été créés).

Quand il est possible d’injecter en urgence (automne 2008) des milliards d’euros face à une crise économique et financière, nous exigeons que puissent être créés immédiatement des centaines et milliers d’emplois stables pour faire face à la crise écologique, sociale, culturelle, alimentaire, sanitaire, énergétique, technologique… et de la connaissance, que connaît aujourd’hui la planète toute entière.

Ne pas prendre ces mesures aujourd’hui serait criminel et irréversible.

Vos enfants, nos enfants, ne nous le pardonneront pas. »