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Facs : de l’agitation invisible à la manif du 29. Libéblog de V. Soulé, 26 janvier 2009

lundi 26 janvier 2009, par Mathieu

Pour lire l’article sur le blog de V. Soulé.

J-3 : les universitaires seront nombreux jeudi dans la rue. Pourtant on ne les a guère vus défiler ces derniers temps dans les grandes manifs autour de l’Education. Et pour cause : ils étaient dans leurs facs, protestant à leur façon. Retour sur une agitation invisible qui cache une vraie colère.

Les universitaires - rappelons-le - sont mobilisés contre deux grandes réformes : celle du statut des enseignants-chercheurs - les présidents d’université vont désormais avoir d’importants pouvoirs sur leurs carrières et sur leurs promotions, ils pourront aussi "moduler" leurs services en leur demandant par exemple de faire plus d’enseignement et moins de recherche -, et contre la réforme de la formation des enseignants - ils dénoncent notamment la baisse des exigences disciplinaires.

Un enseignant de l’Université de Tours raconte ce combat silencieux qui remonte déjà à l’automne :

"Tout a commencé en octobre lors d’une réunion du comité SLU (Sauvons l’Université). Il y avait plus de monde que d’habitude, signe que les enseignants-chercheurs avaient envie de s’exprimer. On a alors décidé de convoquer une AG. Les syndicats étaient d’accord.

Lors de l’AG, on a constaté que les enseignants de langues classiques étaient présents, preuve d’une réelle inquiétude, les participants venant d’horizons variés. Ce jour-là, on a voté contre la "masterisation" des concours (selon la réforme, l’enseignant doit désormais avoir un master), sans parler des moyens de lutte.

Les unes après les autres, les différentes sections de l’université ont voté des motions contre la "masterisation", en particulier contre les projets de réforme du Capes. Cela a commencé dans le département d’anglais, puis en italien, en espagnol, en allemand... Tous les protestataires ne sont pas syndiqués.

On a alors commencé à parler de rétention de notes. En novembre, on a fait des AG chaque semaine, généralement le jeudi. On en débattait avec les étudiants et le personnel administratif. Un travail d’explication nécessaire pour que chacun comprenne l’intérêt d’une telle action. Les examens auront lieu, les étudiants ne seront pas pénalisés. Les enseignants l’expliquent aussi en début de cours. Il n’y a jamais eu d’opposition des étudiants.

Des débats ont eu lieu dans les différents départements. Certains collègues voulaient préparer les maquettes (les projets) du nouveau master Enseignement. D’autres pas. On a discuté de l’efficacité de la rétention de notes car les effets allaient tarder à se faire sentir. Ces débats ont eu lieu surtout dans les disciplines concernées par les concours.

En AG, on a décidé de faire connaître notre mouvement. On a alors fait cours dehors, à côté de la Faculté de Lettres, devant la Mairie de Tours, devant la gare. Les étudiants ont accepté nombreux de venir. Il y avait aussi des enseignants qui distribuaient destracts. Deux chaînes de télé locales sont venues, et quelques radios.

On était aussi à l’écoute de ce qui se passait dans le reste de la France, à Grenoble, à Nancy, etc. Le département de Français, puis celui d’Histoire ont aussi voté la rétention de notes. Mais le mouvement touchait surtout les Sciences Humaines. Puis le département de Mathématiques a commencé à bouger.

C’est en décembre que le problème du statut des enseignants-chercheurs s’est imposé. Une première AG réunissant enseignants, personnels administratifs et étudiants a eu lieu jeudi dernier. Beaucoup d’étudiants sont venus, il y avait aussi des enseignants-chercheurs de Droit, de l’IUT, de Psychologie, etc.

L’AG prépare actuellement la grève et la manifestation du 29. Un mouvement important a lieu à la faculté de droit, qui est aujourd’hui en grève. Par ailleurs, presque tous les départements de l’université de Tours ont voté la non remontée des maquettes. Malgré les vacances, on a l’impression que le mouvement s’amplifie."